Quand les chiens s'ennuient, ils jouent avec leur queue, les hommes, c'est pareil ! (M.Audiard)

C'est un beau film. Beau, mais glauque ! Et pourtant, quelle ambiance sinisitre !
Relettons donc l'histoire dans son contexte que les moins de 20 ans n'ont pu connaître...
1972, la génération du baby-boom avait vécu avec des parents dont, selon le schéma traditionnel de l'époque, le père travaillait, la mère pas...
Agé de 47 ans quand il a tourné ce film, Pialat était un "ancien"de ceux-là... Bourru, de caractère épouvantable, autodestructeur... il était inect sur les plateaux comme dans la vie, avec des moments de remords qui l'assagissaient au point de le voir devenir tendre et malheureux.
Tout tournait donc autour de ce père qui ramenait à la maison de quoi faire vivre la famille, et la mère s'occupait de l'éducation des enfants et était matériellement en état de dépendance du mari.
Ascendant dont beaucoup d'hommes abusaient en ayant un caractère 'macho" comme on dit maintenant vis à vis de leurs épuses.
Puis, l'offre d'emploi dépassant la demande après la guerre, l'instruction progressant, les femmes eurent de plus en plus accès au marché du travail ce qui leur permit une indépendance financière inexistante jusqu'alors... Souvent au détriment de la vie de famille.
Ce qui explique que progressivement, le comportement masculin a beaucoup changé.
La pilule a achevé de permettre cette libéralisation de la femme et d'égale de l'homme. Les comportements comme celui de Jean Yanne dans le film ne se rencontrent plus aussi souvent que dans le passé, bien qu'il reste aux hommes leur force physique pour toute dominante...
Nul autre que Jean Yanne ne pouvait mieux incarner le caractère despote de Pialat dans cette autobiographie. Au point même que les deux hommes s'accrochaient souvent sur le plateau...
Voir son alter-ego vous ressembler, comme un miroir dans lequel on se regarderait devait être terriblement accusateur.
Ceci d'autant que la femme de Jean Yanne était sur le point de mourir et vivait déjà une tragédie..
Ca se sent dans ce film, le réalisateur jouait les terreurs sur le plateau... Mais dans tous les autres aussi : dans Police, Sophie Marceau a dû rejouer trente fois le plan où elle reçoit des baffes et est violentée par Depardieu ! (sadisme ?) Pour ceux qui penseraient que le métier de comédienne est idyllique ! Sophie Marceau dit que pour rien au monde, elle n'aurait accepté se rejouer dirigée par Pialat et que si ça avait été à refaire...
Certains acteurs finissaient même par être désabusés, tel Guy Marchand qui pourtant en avait vécu d'autres !
Bref Pialat aura vécu sur les éches : comme peintre d'art où il n'a pas réussi, puis comme réalisateur car dix films en quarante ans, ce n'est pas un record...Echec aussi sur le plan social. Et il n'aura jamais connu l'aura d'un grand réalisateur.
Ce film est le second qu'il a tourné, sa deuxième réussite commerciale avec 1 727 871 entrées et une 19°place au Box Office français... Un grand film, superbement réalisé, authentique mais avec une cruauté cruel à la limite de la barbarie. Mais les passions d'un homme au caractère aussi entiier peuvent aller très loin...trop loin ?
Arte le 18.10.2021

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le 19 oct. 2021

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