Novitiate par Skyler-m

Novitiate est un film qui m’a touchée d’une façon dont je n’aurais pu imaginer. Cette histoire, qui a lieu dans les années 60, en pleine réforme institutionnelle, peut faire penser à une dénonciation de la rigueur des soeurs. Pourtant ce film surprend en traitant son sujet de l’intérieur. Le spectateur est cloîtré avec ces jeunes filles, dans l’intimité de leur foi, dans leur intimité tout court. Car le sujet est bien plus complexe et profond qu’il n’y paraît.

Novitiate questionne principalement les motivations de ces jeunes femmes à vouloir devenir nonne. Au départ les justifications, qui sont souvent celle d’un amour de Dieu et de Jésus Christ, semblent entendables et respectables. Les quelques doutes des personnages lors des premiers mois sont superficiels et écartent dans un premier temps les plus hésitantes.

C’est en basculant sur le noviciat que les futures nonnes sont plus violemment questionnées dans leur foi, leur vœux, leur destinée qui se veut à jamais lié à Dieu et uniquement à Dieu. La rigueur de l’institution, mais aussi les châtiments que s’infligent ces filles, n’ont qu’un but, celui de les amener à devenir des nonnes exemplaires. Ces violences sont bien plus mentales que physiques. Leur détresse est souvent palpable, car l’enjeu est immense pour ces femmes qui doivent être certaine de l’incertain, pour le reste de leur vie. Comme le dit l’une d’entre elle “si Dieu n’existe pas, pour qui fait-on tout ça ?”. On voit à quel point cette remise en question tardive ébranle notamment soeur Mary Grace (impeccable Diana Agron dans ce rôle).

Petit à petit on se rend compte que chacune de ces femmes a un rapport différent à Dieu et que leur décision de devenir religieuse est profondément personnelle. Ainsi soeur Cathleen (personnage principal interprété par Margaret Qualley) qui semblait au départ imperturbable face à ses motivations, va peu à peu vivre un calvaire intérieur. Sa béante solitude fini par imploser dans une scène qui prend le spectateur aux tripes. Car au fond, toutes ces religieuses se retrouvent à un moment donné face à elle même, ne trouvant aucun réconfort à leur souffrance autre qu’un Dieu, qui peut sembler parfois tellement muet.

Ainsi Novitiate nous montre à quel point le chemin entrepris par ces religieuses est pleine d’ambiguïté, de doute, de mise à l’épreuve constante. La dureté de leur vie est à la mesure de la dureté des pensées qui les assaillent. En ce sens, il n’est donc pas anodin que la moindre hésitation les accable et qu’une réforme tel que Vatican II ait occasionné tant de démission. Car ce film, au delà même de montrer la transition d’une Eglise qui s’ouvre au monde extérieur et d’une redéfinition du statut des religieuses, parle avant tout d’un isolement extérieur et intérieur difficilement supportable.