Vidéaste et photographe Anglaise, Sam TAYLOR-WOOD avait fait ses premiers pas dans le cinéma en 2008 avec Love You more, un court-métrage remarquable mettant en parallèle musique et adolescence. Elle reprend ces thèmes dans Nowhere Boy, biographie des jeunes années de John LENNON, mythique fondateur des Beatles.

La réalisatrice choisit de se concentrer sur la jeunesse troublée du musicien et sur ses relations houleuses avec ses deux figures maternelles : Julia, sa mère biologique jouée par Anne-Marie DUFF, femme fantaisiste et instable qu'il retrouve tardivement et Mimi, la tante en apparence austère qui l'a élevé, interprétée avec talent et sensibilité par Kristin SCOTT THOMAS. Le jeune LENNON se voit déchiré entre ces deux personnages antagonistes qui portent le secret de son enfance. Nous suivons parallèlement sa découverte du rock'n'roll, genre émergent des années 50 auquel s'identifie la jeunesse, puis ses débuts dans la musique qui déboucheront sur la création de son premier groupe, The Quarrymen.

Sam TAYLOR-WOOD marque sa volonté de filmer la naissance du génie que sera John LENNON mais son obstination à vouloir trouver la « scène initiale », le traumatisme qui va façonner sa créativité nuit à son projet. La personnalité du jeune homme semble en effet réduite à n'être que la conséquence de son enfance déchirée entre deux femmes. A trop vouloir restreindre le champ de vision à cette perspective familiale, le film en devient répétitif et inconsistant. Difficile d'ailleurs d'y trouver un propos tant la mise en scène est conventionnelle et lisse. Excessivement narratif, Nowhere Boy ne fait preuve d'aucune originalité dans sa réalisation, les champ-contrechamps se succèdent banalement et les flash-back sont navrants de platitude et d'insistance. Trop sage et finalement pas très rock'n'roll dans sa forme, le film aurait gagné à faire preuve d'un peu plus d'insolence et d'audace à l'image du portrait complexe et inventif de Bob Dylan dans I'm not there de Todd HAINES. L'esthétique des plans de Nowhere Boy est néanmoins impeccable, la lumière y est très travaillée pour obtenir un effet doux et âpre à la fois qui s'adapte bien à l'atmosphère que l'on peut imaginer être celle de la ville de Liverpool en 1955. La réalisatrice magnifie son personnage principal, le met en valeur dans son impétuosité et ses passions. Aaron JOHNSON, qui l'interprète est d'ailleurs très charismatique et très juste, il réussit à réinventer ce personnage de LENNON sans pour autant l'imiter, sans en faire trop. Malheureusement, la qualité du jeu des acteurs ne suffit pas à remplir le vide laissé par la mise en scène insipide et académique.

Nowhere Boy prend la forme d'un exercice un peu vain, dépourvu d'invention et alourdi par son caractère de drame familial. Les vrais moments de grâce ont lieux lorsque la musique entre en jeu, on les aurait aimé plus aboutis et plus nombreux.
Elenore
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le 29 déc. 2010

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