Notti Magiche, ode à l’impulsivité italienne

Improbable, impulsif et nostalgique, Notti Magiche rappelle incontestablement La Grande Bellezza de Sorrentino. En effet, les deux films présentent des artistes italiens nostalgiques de la prestigieuse Italie et conscients de sa déchéance actuelle. A la fois enchanteur et décalé, Paolo Virzì nous livre ici une ode à l’impulsivité italienne, impulsivité qui peut être aussi bien salvatrice que destructrice.


Notti Magiche, en référence au tube italien qui fut l’hymne du pays pour le Mondial 1990, s’ouvre sur un premier stéréotype : tous les italiens concentrés autour du petit écran pour regarder la demi-finale du Mondial de 1990, demi-finale perdue alors que le Mondial se passait dans leur pays. Un autre drame se passe cette nuit-là : un célèbre producteur italien plonge dans le Tibre. Trois suspects sont alors arrêtés, trois jeunes scénaristes qui, il y a un mois encore, étaient pétris d’illusions quant au cinéma italien et persuadés qu’ils pouvaient lui rendre sa grandeur. Notti Magiche nous fait remonter le temps pour comprendre les évènements, tout en parcourant le dédale des rues de Rome.


D’une part, on ne peut qu’apprécier la nostalgie mise en scène tout au long du film. On est imprégné de l’ambiance romaine et c’est particulièrement agréable, surtout visuellement. Paolo Virzì conte plutôt bien la Dolce Vità, l’impulsivité italienne, mais on pourrait lui reprocher d’aller un peu trop facilement dans la caricature par moment.


D’autre part, parfois, c’est un peu trop décalé et on ne sait pas où se mettre. Comme La Grande Bellezza laissait un peu perplexe parfois, il en va de même Notti Magiche. Beaucoup d’idées intéressantes sont laissées en plan alors que des éléments inutiles sortent de nulle part, sans compter quelques moments un peu gênants car inexplicables. L’ensemble est certes poétique mais malheureusement déstructuré.


Notti Magiche est un film nostalgique et décalé, et pour cela un peu difficile à catégoriser. Pas désagréable à regarder, visuellement abouti, on en sort mitigé, sans trop savoir si on doit le recommander ou non.


Critique pour le Suricate Magazine : https://www.lesuricate.org/notti-magiche-ode-a-limpulsivite-italienne/.

Hedwig
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le 28 févr. 2021

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