Lars a réussi son coup ! (sans jeux de mots...)

C’est par une rue sombre et une pluie battante que Nymphomaniac commence. On devine plus le corps de Charlotte Gainsbourg étendu sur le pavé qu’on ne le voit réellement. C’est avant tout une main ensanglantée que l’on aperçoit avant de décerner le visage de la nouvelle égérie de Lars Von Trier. Puis c’est le riff brutal d’une chanson de Rammstein qui vient s’ajouter à notre trouble.
Et voilà, Nymphomaniac a commencé, la mise en scène sublime et le malaise sont déjà présents, c’est donc un début prometteur.

Un petit coup de gueule avant de commencer à approfondir quoi que ce soit : Je trouve ça stupide que le film ai été censuré puis interdit aux moins de 12 ans, et non présenté en version originale interdite au moins de 18 ans…. Les mystères de la distribution…

Enfin, revenons à l’essentiel. Le film est donc divisé en huit chapitres. Le premier opus comporte les cinq premiers :
Chapter 1 : The complete angler
Chapter 2 : Jerôme
Chapter 3 : Mrs H.
Chapter 4 : Delirium
Chapter 5 : The little organ school

La mise en scène est un peu plus légère et originale que d’accoutumée, mais n’en est pas pour autant moins brillante ! Le réalisateur utilise des split screens, un montage photo, des juxtapositions et autres associations d’idées aussi bien mentales que visuelles. C’est vraiment rafraîchissant et rend le sujet moins lourd qu’il ne l’est réellement. Ici point de pathos. De toute façon, Joe, le personnage de Charlotte Gainsbourg refuse qu’on s’apitoie sur son sort. Qu’il en soit ainsi !

Nous découvrons donc l’enfance, l’éveil sexuel, puis l’adolescence et le début de la vie d’adulte de Joe dans le premier film. Emancipation face à l’oppression de la représentation de l’amour en société, recherche de plaisir et de liberté, puis emprisonnement du personnage dans une spirale de vide et de pulsions…

On retient surtout le génie de Lars Von Trier en tant que directeur d’acteurs. Comme il avait pu découvrir Emily Watson dans son somptueux quatrième film « Breaking the waves », il déniche aujourd’hui Stacy Martin. Cette beauté anémiée porte de ses bras frêles la première partie du film. Sa performance est exceptionnelle, et ce n’est pas la seule ! Inutile de mentionner Stellan Skasgard et Charlotte Gainsbourg, acteurs fétiches du réalisateur, mais parlons d’Uma Thurman et Christian Slater qui trouvent là leurs meilleurs rôles. Uma Thurman m’a notamment bouleversée en femme désespérée, un poil excentrique !

Enfin je tiens à rassurer ceux qui n’associent Lars Von Trier qu’à un provocateur, ce que le marketing autour de Nymphomaniac tend à appuyer. Le film est loin d’être insoutenable et choquant comme cela avait été suggéré. D’une part, la version distribuée en salle est la version censurée, mais surtout, le réalisateur reste un esthète ! Donc pas de panique, vous ne verrez pas un pseudo film porno survendu en allant voir Nymphomaniac !
EleanorR
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le 3 janv. 2014

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Eleanor Rigby

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