Le deuxième volume se poursuit avec l'idée que l'orgasme spontané jeune qu'a eu Joe jeune, déclarée comme crise d’épilepsie par le médecin. On commence fort. Implacable discours religieux de sa vision où elle voit apparaitre deux femmes floues lors de son premier orgasme comme étant un blasphème de Jésus sur les hautes montagnes, illuminé par la lumière divine de l’éternité : Valeria Messalina et la grande prostituée de Babylon. L'homme a qui elle se confie depuis le début, lui confie à son tour qu'il est asexuel et que c'est là une chance pour elle, pour qu'elle puisse ainsi se décharger de toute son histoire. Il est à parier que cet homme est prêtre.


Elle n’a plus de plaisir avec Jérôme, ni avec personne et elle tente immanquablement de nouvelles choses, quitte à s'exposer en publique dans la scène des cuillères dans le restaurant, qui tombent, une à une en partant, laissant les clients de marbre, outré, alors que le spectateur lui serait plutôt amusé par ces regards bourgeois qui croient détenir le monopole du savoir vivre.
Elle tombe enceinte, elle raffole toujours de sexe et devient « la prof de piano ». La crise de leur couple avec Jérôme est palpable, il est de plus en plus jaloux et cela a des conséquences même sur leur enfant qui le jour de noël, aurait pu tomber du balcon car personne ne le gardait.


Mais elle n'a jamais vraiment voulu être mère, même si indéniablement elle aime son enfant. Sa sexualité fait partie de son identité, un refuge complexe dont elle essaie de s'extraire en vain. Homme violent et dominateur lui servant de pseudo-thérapie masophiste, suite sans doute au fait qu'elle comprend que les hommes peuvent être dangereux, alors que dans une chambre d’hôtel miteuse elle se retrouve avec non pas un, mais deux individus. Elle perd le contrôle de sa sexualité.


Alors c'est la thérapie de groupe. "Enlevez tout ce qui chez vous vous donne envie de sexe." Téléphone, coins de meuble, poignée de porte, miroir, tout y passe. Mais très vite elle arrête et brûle sa voiture comme pour se détourner d'une hypocrisie mortifère qui l'oppresse depuis toujours, s'accompagnant d'une solitude profonde. "Est-ce moi qui rejette la société ou est-ce la société qui me rejette ?"


Elle est déviante, elle se voit sans scrupules, elle apprend à vivre avec. Elle commence à faire usage de son pouvoir sur les hommes pour des "recouvrements de dette", l'emploi idéal, elle est qualifiée pour cela. Armée. Mais elle doute. Elle a besoin d'une assistante et va la trouver dans une orpheline perdue qui s'éprend petit à petit d'elle... jusqu'au jour où... Jérôme est sur la liste. Jérôme va partager le corps de celle avec qui elle fait affaire et l'amour, elle est enragée sans le montrer mais elle veut en finir avec lui, mais lorsqu'elle tire, le cran de sureté n'est pas relevé. Il la tabasse, baise la petite devant elle et s'en va, la laissant seule, ensanglantée sur le sol.


L'issue du film, on la ressent, on la comprend depuis le début en ne voulant pas y songer : cet homme avec qui elle parle, avec qui elle confesse ses pêchés, qui n'a jamais goûté au sexe, du moins semble-t-il, trouve normal de venir dans la chambre où il lui a proposé de se reposer, pour la violer et elle tire. Non ce n'est pas une fille facile. Non elle ne couche pas avec n'importe qui. Le désir ne se calcule pas et rien au monde n'est plus immonde que l'homme qui ne sait pas retenir ses désirs lorsque ceux-ci ne sont pas consentis.


Après avoir vu ces deux volumes, cette oeuvre travaillée sur le désir, la passion, le raisonnable, l'insaisissable, comment ne pas dire qu'elle est bandante, clitante, par la valeur ajoutée du sexe qui ne vient pas rompre l'essence du film mais qui vient lui donner les pas mélodieux d'une danse transcendantale.

Créée

le 8 mai 2020

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