Les bronzés, Les trois frères, MIB, Die Hard... des suites tardives qui arrivent presque toujours après un film culte, cela se fait un peu partout dans le monde. Statistiquement, il y a peu de chances qu'une suite uniquement attendue par ceux qui la font soit de qualité. Pourtant, avec une saga comme OSS 117 et un talentueux Nicolas Bedos à la barre, on peut avoir une conviction, celle d'un metteur en scène qui ne fera pas les choses à moitié.


C'est en effet ce que l'on ressent à la fin de la séance. Le réalisateur et son acteur principal Jean Dujardin sont revenus pour donner un petit coup de polish au "James Bond franchouillard" (alors que l'agent secret écossais n'a été inventé qu'après le personnage créé par Jean Bruce) et lui offrir une nouvelle vieillesse.


C'est dans l'Afrique coloniale des années 80 que l'agent OSS déploiera cette fois-ci toutes ses maladresses raciales. Et le moins que l'on puisse dire, l'actualité de ces dernières années n'aura contraint son réalisateur à la retenue. Ainsi, l'ignorance et les maladresses de ce bon vieux Hubert sont belle et bien de retour. Il est à parier que les bons penseurs ne sauront saisir les subtilités de ce qu'ils nommeront effrontément du racisme et du sexisme manifeste. Tandis qu'un spectateur averti (ou tout simplement faisant preuve de bon sens) saura comprendre et surtout faire la différence.


Bien que l'œuvre s'illustre en filigrane avec une dénonciation acerbe de la France coloniale et souligne l'importance de la résonance que cela à encore de nos jours, certains éléments de ce troisième film prêtent tout de même à confusion.


Le personnage l'exige et Nicolas Bedos ne s'en prive jamais. C'est en effet à certains rares moments que l'on peut entrevoir un humour assez douteux. Un humour moins corrosif et plus rentre dedans qui peut irriter. L'excès et la redondance de certaines thématiques tournant notamment autour du sexe finissent clairement par lasser.


Jean Dujardin se beurre la biscotte sans soucis, il n'a aucun mal à faire croire à son personnage. Il y apporte même les petites subtilités du temps qui passe. Ses mimiques et son phrasé si grinçant sont à l'origine de quelques fous rires mémorables. Pierre Niney, malgré un personnage mal exploité et parfois mal écrit s'en sort bien. De même pour l'excellente Fatou N'Diaye qui manque cependant de présence à l'écran.


Rien à dire sur l'aspect visuel et sonore du long-métrage. C'est une belle réalisation globale pleines d'idées. Nicolas Bedos puise son inspiration dans les vieux films du genre comme il est coutume dans cette désormais trilogie.


Alerte rouge en Afrique noire est moins un film d'aventure qu'a l'époque et plus un film qui exploite les failles d'un OSS 117 vieillissant face à l'effervescence de la jeunesse prenant les traits d'un OSS 1001 incarné par Pierre Niney. Il faut l'avouer, certaines de ces séquences sont longues et répétitives, hors propos. Des éléments incompatibles avec l'aventure. Pour se rassurer, le ventre mou du long-métrage se constitue "seulement" autour d'une petite vingtaine de minutes sur les deux heures de film.


D'un côté, on a donc un récit au rythme émoussé dans son deuxième acte, mais d'un autre côté on a un film drôle dont certaines répliques sont à marquer au fer rouge en Afrique noire. Mais le revers de cette introspection de l'agent libidineux qui aime se battre, c'est un manque d'aventure flagrant.


L'aventure ne prend son envole que tardivement. Cela ne signifie pas que le reste est inintéressant, au contraire, mais l'invitation au voyage se fait malheureusement plutôt rare. Le film manque en effet d'action, de punch et de rebondissements.


Malgré un bon, voir un très bon moment de cinéma, on peut constater qu'OSS 117 Alerte rouge en Afrique noire ne manque pas de manque. Mais à quoi doit-on cela ? Cette interrogation qui parcourt une partie du film ne trouvera sa résolution que dans un final décevant. Disons plus frustrant que décevant. Un film au climax inexistant finissant comme une blague douteuse réunissant une arabe, une juive et une noire.


Il semblerait en effet que Nicolas Bedos n'en ai pas fini avec cette histoire et qu'il ait pensé cette itération cinématographique comme un diptyque. C'est d'ailleurs plus ou moins évoqué explicitement par un dernier plan prometteur. Un peu à la manière de certains James Bond, dont le film multiplie les belles références, à commencer par son excellent générique.


Cette frustration vient donc principalement du fait que cet hypothétique premier film ne conclue pas tous ses arcs et encore moins son intrigue. Là où cette frustration est la plus intense, c'est dans cette mollassonne conclusion qui manque clairement de conviction. Abrupte et froide.


Malgré une sale impression de film amputé, d'un laissé allé dans la vanne facile un peu lourdingue ou d'un récit qui s'égare trop, il ne faut pas oublier que la blanquette est, il faut le reconnaître, plutôt bonne. Espérons seulement que Nicolas Bedos déploie toutes les saveurs de son ramequin dans un prochain épisode, l'amertume en moins.

MassilNanouche
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le 4 août 2021

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Massil Nanouche

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