Burlesque et second degré sont les agents de l'humour...
Jean Dujardin excelle lorsqu'il s'agit de faire le pitre. Il trouve ici un rôle à sa mesure avec cet étrange personnage dont l'interprétation semble furieusement inspirée du fameux James Bond. Tous les clichés sont là : suffisance, charme exagéré, flingues, bagarres, espions de toutes nations, femmes superbes et fatales, baisers passionnés.
Mais on y trouve, au-delà du second degré qui moque gentiment ces films d'actions des 60's et 70's, une critique du colonialisme à la française : paternalisme avec les indigènes, méconnaissance de la culture locale et de ses mœurs, complexe de supériorité du pays dont la langue était le langage diplomatique au XIXème siècle.
Si Jean Dujardin surjoue quelquefois, il reste la plupart du temps juste où il faut pour faire sourire voire même rire parfois. Il est assez jubilatoire de le voir faire le pitre avec ses mimiques à la Sean Connery, la connerie en plus justement. Quel récital en arabe par exemple nous livre cet acteur !
Tous les personnages possèdent de vraies "gueules", depuis les espions (haaa, ces nazis, "toujours le mauvais rôle ne pourrait-on pas leur donner une seconde chance alors que nous sommes en 1955" lol ) jusqu'aux indigènes en passant par les sublimes créatures (Bérénice Bejo est juste somptueuse).
L'intrigue est cousue de fil blanc mais elle sert un autre propos plus subtil, celui de la prise de recul qui permet une lecture différente de l'histoire. En cette période de tensions exacerbées, cela ne fait pas de mal de dédramatiser un peu et de se jouer des clichés. Ce film y parvient sans sombrer dans le ridicule et c'est bien là tout le talent du réalisateur secondé par d'excellents acteurs.