En 2077, la Terre a été ravagée après une guerre nucléaire contre une menace nommée les Chacals. Jack Harper, un technicien chargé de réparer les drones de sécurité à la surface de la planète, explore chaque jour un peu plus la Terre déchue à la recherche d'objets du passé...
Quelques lacunes empêchent "Oblivion" d'entrer au panthéon des grands films de SF, sans empêcher toutefois de faire office d'excellent spectacle. L'histoire, un peu trop alambiquée au départ, se retrouve complexifiée par un rythme et une narration inadéquate, coupant le film en trois actes distincts. Le deuxième étant le maillon faible, car à la traîne, s'étirant en longueur et assez vain. Cette faiblesse en milieu de film, néanmoins, est tout de même compensée par une direction artistique sans cesse splendide et une esthétique générale assez magistrale.
Si l'ensemble semble aseptiser parfois le coeur du film, les yeux et l'imaginaire en ont pour leur argent. Tout comme Jospeh Kosinski apporte à son film un traitement délicat, bien pesé, sans grandes lourdeurs, à l'image de ses acteurs. Tom Cruise n'en fait jamais des tonnes, Andrea Riseborough exalte une fragilité bienvenue à la psychologie de son personnage et Olga Kurylenko s'acquitte plutôt bien d'un rôle limité malgré un jeu convaincant. Le cinéaste ne maîtrise pas forcément très bien son histoire d'amour et oublie d'aller chercher plus loin du côté des derniers hommes de la planète, d'où un Morgan Freeman et sa bande, sous exploités. Mais il insuffle à son film un souffle romanesque accentué par la relation Jack/Victoria lors de quelques scènes mémorables comme celle de la piscine de verre ou du mur les séparant.
La fluidité de sa mise en scène donne au film une personnalité assez puissante pour pardonner tous les excès narratifs installés dans le deuxième acte. En partant de là, la dernière demi-heure, impressionnante car résumant tout le parti-pris intimiste de l'oeuvre et concluant de façon forte et efficace un scénario pas plus idiot qu'un autre, est un joli moment de cinéma. Déjà vu, un peu surligné certes mais indéniablement beau. Surtout, le film ressort riche de ses influences, car chacune d'entre elles est utilisée avec intelligence et avec parcimonie, n'alourdissant jamais l'oeuvre dans sa globalité : on pense à "Je suis une légende" pour le principe du dernier homme sur Terre, à "La Planète des Singes" pour le symbole de la civilisation enfouie sous le sable, à "Alien" pour l'utilisation des passages furtifs dans l'ombre lors des rares scènes d'action, à "Predator" pour le design des casques des derniers habitants ou encore à "2001, l'Odyssée de l'Espace" pour l'acte final...
Alors oui, après toute cette aventure, Tom Cruise donne l'impression de sortir son iCombinaison avec son iVaisseau Libellule armé d'un iFusil d'assaut dans un appartement Apple. Qu'importe, voyons "Oblivion" comme un produit noble de son époque.