Oblivion par Remy Pignatiello
Oblivion est, malheureusement, encore un film dont on pourra se demander pourquoi il dure 2h car ça n'a quand même pas grand chose à proposer. Le film met en effet 35 min à nous amener dans le cœur du récit, avec un rebondissement démarrant clairement l'intrigue, sauf que 30 min plus tard, on se demande toujours si ZE révélation va être aussi bête qu'on le devine. La réponse est évidente : oui, elle l'est. Pourquoi alors essayer de maintenir un faux suspense dès les 20 1eres minutes par un montage éventant complètement l'intrigue principale qui n'est déjà pas bien épaisse pour commencer ?
Et puis, en parlant du montage, Oblivion, c'est aussi un peu "Le suspense pour les nuls". De nombreux choix de montages sont révélateurs d'un faux suspense qui ne surprendra que ceux qui ne regardent pas beaucoup de films (et pas forcément des films du genre, mais juste des films tout court). Entre les balles perdues pas perdues, les acteurs qui semblent ne faire que passer mais évidemment ils reviennent plus tard, le twist de milieu de film visible à 100 km à l'avance, ce n'est clairement pas par son script qu'Oblivion réussit à se distinguer.
Par contre, visuellement et musicalement, c'est autre chose : ça claque sévère et confirme en passant tout le bien qu'on pouvait penser (sur ce point) de Tron Legacy. D'ailleurs, le Blu Ray propose la piste musicale isolée (fait assez rare sur un BR de studio) et il doit être très facile de regarder le film avec cette piste tant la musique soutient parfaitement les visuels. L'adéquation musique et image sur le final m'a notamment rappelé celle du final de The Fountain.
Mais au-delà de cette maîtrise technique subsiste donc une grande impression de vacuité, l'impression que le film n'a rien à avancer thématiquement et scénaristiquement parlant. C'est creux, assez vain, avec des choses assez discutables : le style vestimentaire casual de Cruise ci et là qui sort de nulle part; la moto qui tombe en rade d'essence alors que personne n'a jamais parlé d'essence nulle part (et on ne saura donc jamais quel est le combustible utilisé par la moto); la sortie de la bibliothèque par Cruise qui tient de l'ellipse bien pratique plus qu'autre chose... Tant de passages semblent d'ailleurs d'une facilité déconcertante parce qu'ils évacuent toute explication nécessaire pour justifier ce qu'on voit, ou ce qui arrive, comme si les scénaristes s'étaient régulièrement retrouvés dans des impasses alors, dans le doute, grosse ellipse, comme ça, hop, discrétos, on évacue le souci.
Au final, tout cumulé, c'est très beau, mais c'est aussi très creux.