Oblivion est un film qui m'a assez surpris, car je ne m'attendais pas à un scénario comme celui-ci. Tom Cruise se lie ici avec le metteur en scène Joseph Kosinski, infographiste de talent tout juste promu réalisateur depuis son remake de Tron, qui ne m'avait pourtant pas convaincu. Avec son univers post-apocalyptique et son design à la fois sophistiqué et épuré, Oblivion, qui fait penser à une sorte de Je suis une légende futuriste avait en effet tout du projet original et singulier. Alors, Tom Cruise et son réalisateur composent-ils bien une "bonne équipe" , comme ils aiment à l'appeler dans le film ?
Le film se divise en deux parties assez distinctes. Dans une première partie, l'univers présenté à l'écran fonctionne très bien. Le décor post-apocalyptique suivi d'une belle bande-son déglingue complètement la rétine jusqu’à nous en donner des frissons. Et à travers ces décors , on prend plaisir à suivre le quotidien de Jack Harper et de Vika comme derniers gardiens de la mémoire de l'humanité et on ne demande qu'à voir développer cette nouvelle Terre composée de drones et de stations orbitales. Pendant donc une grosse heure, le film s'affirme par sa beauté SF et son casting et c'est un vrai plaisir pour le spectateur. C'est quand il s'agit de dévoiler son histoire, ou du moins ses révélations, que le film se prend un peu les pieds dans le tapis au moment où le héros se reconnecte progressivement à son passé en la personne de Julia. Car bien qu'on se doute que quelque chose cloche dès les première minutes du film, les vrais rebondissements commencent au bout de la deuxième heure du film. Et c'est là le défaut d'Oblivion et donc de Kosinski.
Celui-ci nous refait en quelque sorte le même coup que Tron, mais en mieux: après une première partie assez efficace, il s’embourbe dans les twists et révélations et y perd de son originalité. Révélations certes nombreuses mais au final assez prévisibles. Elles s'enchaînent alors de façon laborieuse et, à force de vouloir convoquer tous les grands concepts de la science-fiction, le film finit par perdre son spectateur, et c'est bien dommage. Donc sans être non plus d'une grande misère, le scénario reste assez bancal pendant la deuxième heure et on peut avoir tendance à décrocher. Si le film accuse donc une certaine baisse de rythme en son milieu, il reste d'une grande facture visuelle tout du long - grand monuments américains effondrés, l'attaque du drone en plan séquence - et sait se révéler efficace jusqu'à sa toute fin, qui est quant à elle assez décevante.
Oblivion est donc avant tout une ambition esthétique accouplée à la présence d'un Tom Cruise et d'une Olga Kurylenko épatants de tous les plans qui devrait empêcher le film de définitivement tomber dans l'oubli, ce qui j'espère, ne sera pas le cas car le film reste tout de même vraiment magnifique visuellement et le scénario rame mais n'est pas non plus un navet. Mais ce qui est sûr, c'est que si le film reste mémorable, le scénario n'en sera pas la cause. Un film de SF qui reste donc vraiment pas mal.