Nous avons un devoir : d'être les témoins de notre époque. Nous pourrons alors raconter comment toute une industrie cinématographique s'est bercée d'illusions ou comment les petits mensonges que l'on accepte deviennent des poules aux oeufs d'ors pour des producteurs avides de fric. L'illusion ? Je parle de mettre en avant des femmes -les fameux lendemains de l'affaire Weinstein- pour faire oublier le fait qu'au fond, elles ne pourront réussir en tant qu'actrices que si elles sont bonnes (pas le talent, hein). Ou comment éteindre un feu en donnant un peu à des actrices tout en les caricaturant encore un peu plus.


Pour cela, on prend des sagas, marques ou franchises et on les féminise. Aucunes recherches scénaristiques derrière, juste on met des seins et on déroule le scénario tranquillement. Hollywood étant roi, on met de la couleur, des fesses, du maquillage et du rouge à lèvres (in-dis-pen-sa-ble) et on s'autorise même quelques kilos en trop (la concernée a des origines indiennes, ça permet de jouer la carte du multiculturalisme et de l'exotisme).


Dernier en date ? La saga Ocean's. Donc comme il se doit, exit les mâles. Place aux vraies, aux seules et uniques femmes. Pif, paf, pouf, on nous sort une soeur à Dany Ocean - qui est elle aussi une voleuse professionnelle - et pour être sûr que les quelques attardé.e.s du fond qui n'auraient pas compris, on récupère les deux no-names de l'ancienne équipe masculine et on leur accorde une scène [ vraiment moche l'écriture inclusive dans une phrase]. Générosité pour les uns, pitié pour les autres. Le débat est lancé.


Parlons concret. Après une ouverture copiée-collée du premier, Ocean et sa partenaire blonde s'attellent à trouver leurs partenaires, qui excellent chacun dans un domaine. Ni une, ni deux, elles sont toutes prêtes pour l'aventure. Comme ce sont des filles, pas question d'aller voler des tableaux ou des billets de banque, tellement garçons. Ici, on vole des bijoux et des diamants. Ça frise le cliché sexiste. Parce que ce sont des filles, elles doivent nécessairement se concentrer sur des bijoux scintillants. Terrible. Je ne parle même pas du sexisme affichée de la cadette Ocean qui refuse qu'un porteur de testicule n'intègre son équipe. Même Dany, n'était pas aussi sexiste en son temps [alors même que Clooney et Damon passaient l'éponge sur les frasques de leur "ami", mais cela est un autre débat pour un autre jour].


De nouveau, on a le droit à un scénario sans saveur accompagné d'une bande-sonore convenue, fade et assez creuse tandis que nos yeux sont agressés par les gros plans sur le trop plein de maquillage, de botox et de nez refait. Visuellement, c'est plutôt beau. Pas grand chose à dire sur ce terrain, l'ambiance est plutôt bien exploitée.


De nouveau, lors des 5-10 dernières minutes, on le droit à la résolution des différents plans qui se juxtaposent. C'est convenu, assez déroutant et absolument pas crédible. Soit. La magie du cinéma, on va dire.


Bref, absolument aucun intérêt.

BlackHornet
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Heureusement qu'il y a la carte UGC Illimité

Créée

le 13 juin 2018

Critique lue 714 fois

10 j'aime

11 commentaires

BlackHornet

Écrit par

Critique lue 714 fois

10
11

D'autres avis sur Ocean's 8

Ocean's 8
Behind_the_Mask
4

Oestro... Gêne ?

Jurassic Park, Tomb Raider, Ocean's... 2018 réinvente son cinéma en exhumant les succès d'hier. Elle aurait sans doute pu s'abstenir pour le coup... Car Ocean's 11-3 ne restera pas dans les annales...

le 16 juin 2018

34 j'aime

10

Ocean's 8
LeTigre
4

Le début d’une ère de remakes féminisés ?

Hollywood a-t-il l’intention de présenter ses excuses aux artistes féminins qui ont tant râlé pour l’égalité salariale homme-femme ou pour d’autres raisons professionnelles en nous concoctant des...

le 30 sept. 2019

31 j'aime

18

Ocean's 8
Frédéric_Perrinot
5

Un braquage sans panache

Dans sa noble quête de mettre un éclairage plus appuyé sur les femmes, Holywood y voit aussi un opération mercantile car au lieu de leur offrir leur propre film, il va souvent prendre une franchise...

le 16 juin 2018

20 j'aime

Du même critique

Venom
BlackHornet
3

Venom, le coach qu'il vous faut (pas)

Disons le tout de suite : inutile de se payer un abonnement Meetic et d'écumer les profils. Le plus simple est de s'offrir un symbiote. Le modèle Venom est joignable 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24...

le 11 oct. 2018

15 j'aime

Burning
BlackHornet
5

Génie ou vide de sens ?

Telle est la question. Clairement, on a l'impression de regarder un travail inachevé. Comme si la réflexion se cassait la figure au milieu du film; le reste étant une nébuleuse anarchico-masturbative...

le 17 sept. 2018

14 j'aime

La Cravate
BlackHornet
7

- « Es ce que je suis un connard ? » Probablement pas…

Même si mes quelques amis antifa ne seront pas d’accord avec moi… Ces derniers jours, j’ai beaucoup hésité à aller voir ce film – documentaire. Enième diatribe contre les méchants du FN, ou...

le 9 févr. 2020

13 j'aime

2