Le film devrait être réalisé par le réalisateur d'Indigènes mais ce dernier pris par les projets confia celui-ci à Roschdy Zem dont le seul fait d'arme en tant que réalisateur était Mauvaise foi.

En revenant sur un sujet aussi propice au débat : « Coupable ou innocent ? », il devient difficile de choisir un point de vue. Vais-je orienter le film en tant que défenseur d'Omar ou vais-je faire parler mon objectivité ? Roschdy ne s'embarrasse guère et embrasse la défense d'Omar. Deux point de vues pour le film, celui d'Omar et l'autre est celui d'un personnage inspiré de Jean-Marie Rouart qui a écrit un livre sur Omar (pour discréditer les preuves de l'accusation). Pour résumer, la partie avec Omar est inspirée de son autobiographie Pourquoi Moi ? et l'autre provient d'Omar : la construction d'un coupable de Jean-Marie Rouart. On notera aussi qu'Omar a participé au long-métrage permettant de donner plus de crédibilité au film de Zem et même, l'appartement d'Omar dans le film est vraiment le sien.

Je n'ai pas du tout suivi l'actualité de l'emprisonnement d'Omar au début des années 90 (trop jeune) du coup, ce film m'a permis de connaître un peu plus les évènements qui se sont déroulés. Mais surtout la grosse force du film réside dans la prestation de Sami Bouajila. Je n'ai pas connu Omar personnellement (vous vous en doutez) mais j'ai été soufflé par cet homme dont la nature des évènements n'a pas suffi pour lui enlever sa dignité. Surtout le film propose des scènes très dures émotionnellement dont le summum est incarné par le : « C'est le monsieur qui me l'a donné ».

Le film est poignant si on arrive à faire abstraction de tout ce qui a été dit à droite et à gauche et à considérer Omar comme innocent. En résulte un véritable pamphlet contre les lacunes de la Justice Française. Le plus fort réside lors de l'interrogatoire des gendarmes... sans interprète (pourtant Omar est incapable de construire une phrase en français). Les accusations se déroulait à sens unique sans qu'Omar n'y comprennent quoi que ce soit.

L'autre partie avec Denis Podalydès essaie de mettre la lumière sur les lacunes de l'enquête dont certains points sont tout simplement ahurissant et témoigne bien de la négligence de la gendarmerie. « Après tout, ce n'est qu'un arabe », dixit un des personnages, « Qui s'en souciera ? ». Sans parler du lynchage médiatique sur des faits peu concluants (« Paris Match, ce torchon ! »). Les points soulevés attirent l'étonnement du spectateur à propos des faits aussi fragiles qui ont pourtant suffit à emprisonner un homme à 18 ans de prison. Malheureusement le fait de proposer un seul point de vue discrédite le film, n'aurait-il pas mieux fait de poser un vrai procès (du type de l'excellent film La Controverse de Valladolid) ? Ne me parlez pas de l'assistance de Podalydès (censée représenter l'accusation) qui ne fait qu'avancer des propos tellement hallucinants alors que d'autres bien plus évidents existent.

Le film prend malheureusement parti pris pour Omar et n'avance que les points peu concluants de l'enquête sans faire la lumière sur l'ensemble. Du coup, pour la génération peu au fait, il devient difficile de faire le tri parmi les éléments. Vraiment dommage que le film n'ait pas bénéficié d'une plus grosse part de procès (se résumant à quelques hypothèses farfelues avancées par l'accusation). Du coup, on comprend mal pourquoi Omar a été écroué pour une peine de 18 ans sur des preuves aussi peu formelles. Négligence de la justice ou zone d'ombre du film ou tout simplement pression médiatique ?

Finissons en parlant de la réalisation de Roschdy Zem, celle-ci demeure classique mais intelligente. On remarquera deux styles de réalisations différents, nerveuse pour Omar et posée et fluide pour Jean-Marie.


Conclusion:

Omar m'a tuer est divisé en deux parties inégales. Si la partie enquête du film est bâclée, se résumant à révéler les négligences de l'enquête et à démonter les preuves de l'accusation mais malheureusement sans contrepartie (ça se résume donc à un débat stérile à sens unique). Par contre, la partie entourant Omar est d'une puissance singulière avec un Sami Bouajila au sommet de sa forme, nous livrant quelques moments d'émotions pures signalant la détresse de cet innocent qui n'a qu'une question à se poser : Pourquoi moi ?
Marvelll
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le 27 nov. 2011

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