Amusant de voir ce film 40 ans après sa sortie. Le contexte est différent, le film raisonne donc un peu autrement. Peut-être plus juste. Enfin, je ne sais pas comment était le divertissement audio-visuel à cette époque, mais j'ai l'impression que la critique s'applique adéquatement à la télé-réalité de nos jours. De ce fait, ce film m'a paru plus juste et plus intense que "The hunger games".


La première heure est magnifique. Je ne m'attendais pas à ce que ce film soit si couillu, qu'il comporte des scènes aussi spectaculaires ; je m'attendais à quelque chose de plus calme, de plus introspectif. En fait, par moment, on se croirait en pleine foire, ou plutôt en pleine guerre. Les personnages sont assez bien écrits, les situations bien exploitées, les conflits nombreux (le coup de la course de 10 minutes, c'était très bien trouvé).


La deuxième est nettement moins réussie. Déjà durant la première heure, je trouvais que l'aspect temporel était mal géré ; en effet, on ne s'attend vraiment pas à ce que les participants soient en train de danser pendant si longtemps. Et c'est encore plus incroyable lors de la deuxième heure. Tout au plus j'aurais dit 200 voire 300 heures de danse non-stop. Mais certainement pas plus de 1200...


Ce qui rend ce nombre d'heure peu crédible, c'est que les personnages ne semblent pas plus se connaître, que malgré tout ce temps, il n'y a pas de réelle évolution. Mais c'est certainement dû au fait que les personnages sont grandement délaissés. La deuxième heure comporte beaucoup de moments moins pertinents ou des mini-coups de théâtre faits pour surprendre et faire oublier l'abandon d'une réelle continuité. Certes, l'on assiste à la rupture mentale ou physique de certains, mais cela aurait pu arriver sitôt la première heure passée. La deuxième heure est donc plus pauvre que la première, même si elle reste intéressante.


Je n'ai pas non plus apprécié la construction en flashback. Cela ne sert à rien, comme souvent, si ce n'est créer un suspense facile. C'est d'autant plus idiot qu'en général, ce genre de procédé sert à cacher un manque d'objectif principal, alors qu'ici il y en a un et que donc nous avons déjà tout le suspense nécessaire pour tenir le coup. Cette construction va jusqu'à saboter les 10 dernières minutes qui constituent la scène finale. D'ailleurs je n'ai pas trop accroché à la fin qui touche un peu trop au misérabilisme. Mais elle a du bon quand même car c'est la scène la plus radicale concernant la mise en valeur du trait de caractère du héros, qui dit oui à tout et tout le monde depuis le début (à cet égard, je trouve d'ailleurs la scène d'amour avortée avec la blondinette ratée).


La mise en scène est réussie, globalement. Pollack décide de filmer sa piste de danse avec beaucoup de nervosité, même lorsqu'il ne se passe pas grand chose, du moins au début. Sans doute est-ce pour mieux immerger le spectateur dans son film. Après quoi, il se permet un découpage plus sobre. Dans tous les cas, c'est plaisant, la caméra va là où il faut, sobrement. Peut-être cela manque-t-il d'audace ? À la base, ce devait être le scénariste qui devait réaliser, avec peu de moyens, des acteurs moins connus, mais les studios se sont emparés du script, l'on 'softisé' et ont amené des vedettes derrière et devant la caméra (ha, si un grand studio pouvait s'emparer d'un scénario de ce genre aujourd'hui, je n'aurais rien contre le fait que ce soit 'softisé') ; je me demande donc si ça aurait été différent, peut-être plus brute, et donc plus dans mon goût au niveau scénique.


Les acteurs sont tous très bons, mais c'est la belle Susannah York que je retiendrai (surtout pour sa scène finale, dans la douche). Susannah, je l'ai connue grâce à Aldrich. Depuis je la revois de temps en temps, sans le faire exprès. Je la trouve très séduisante. Bon, elle n'est pas à son avantage dans ce film-ci, mais reste mignonne malgré tout (malgré cet air de folie). Et puis vraiment, quelle prestation. Mais les autres sont très bien aussi. Je ne connaissais pas Michael Sarrazin, ce fut une belle découverte. Et puis la sexy Jane Fonda. La musique est également plaisante.


Bref, voilà un film très intéressant, prenant tout du long, mais qui n'échappe pas à quelques maladresses narratives, surtout passé la première heure, ainsi qu'à un formalisme un peu trop convenu à mon goût par rapport au sujet.

Fatpooper
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le 23 juil. 2015

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