Depuis son passage remarqué à l’Étrange Festival en 2016, le film avait piqué ma curiosité. Quelques mois plus tard, il sort enfin sur nos écrans et je vais pouvoir me faire mon avis sur ce super-héros from Italia.


Le titre et l'affiche ne sont pas très encourageantes, on peut même dire que c'est dégueulasse. C'est surement pour coller à la crasse dans laquelle vivent les protagonistes de cette histoire et surtout notre héros. Enfin, un héros, il faut vite le dire. Il n'est pas vraiment fréquentable et vit de yaourts et pornographie. Il n'a pas le compte bancaire d'Iron Man, la chevelure blonde éclatante de Thor et encore moins le corps de Captain America. C'est un homme comme les autres, vivant dans un appartement insalubre dans la banlieue de Rome. Il n'a pas d'amis et de toute façon, il n'aime pas les gens. Il n'a pas de famille et ne va donc pas nous fatiguer avec un trauma expliquant son besoin de sauver le monde, tout en le perturbant dans sa vie, surtout sentimentale. Il est sans-emploi et vit de menus larcins. C'est d'ailleurs en voulant échapper à la police, lors de la poursuite ouvrant le film, qu'il va se réfugier dans le Tibre et finir dans un fût de produits radioactifs, c'est la naissance d'un nouveau super-héros!


Comme Rome, sa construction ne va pas se faire en un jour. C'est en faisant le saut de l'ange dans le vide, qu'il va découvrir sa nouvelle force. Elle va d'abord lui servir à assouvir ses plus bas instincts en amassant de l'argent. On ne peut pas lui en vouloir, même si l'argent ne fait pas le bonheur, il contribue à l'achat d'un vidéo-projecteur et à remplir le frigo de yaourts, ce qui n'est pas négligeable. Par le plus grand des hasard, il s'avère que sa voisine est une bombe sensuelle mais dérangée du ciboulot (on ne peut pas tout avoir). L'amour va-t'il lui ouvrir les yeux et vont-ils avoir plein d'enfants conçus devant des films pornographiques? Le suspense va être immense. En attendant, on se transforme en loup de Tex Avery dès que la caméra se fixe sur ses lèvres et on comprend que notre héros ait du mal à trouver le sommeil en étant à ses côtés.


Son originalité se trouve dans son ancrage au sein de notre réalité. Sinon, il suit le même schéma que les super-héros habituels. Il a un côté Toxic Avenger, mais garde son aspect physique. Il est plus proche de Batman et de l'univers DC Comics. Le méchant (parmi tant d'autres), c'est le gitan. C'est un psychopathe et ses excès de violence, tout comme ses extravagances, font indéniablement penser au Joker. Il va même finir par presque lui ressembler et surtout mettre à l'amende l'inoubliable déplorable version de Jared Leto dans Suicide Squad. Alessia a des similitudes avec Harley Quinn et va se révéler le personnage le plus intéressant de l'histoire, car la folie est toujours séduisante. Comme le héros n'a pas de traumas, ils sont reportés sur elle. Après le décès de sa mère, elle va se réfugier dans l'univers d'un manga Kotetsu Jeeg. Mais ses délires sont à double sens, ils ont une raison d'être et aborde des sujets délicats. Elle en devient attachante et comme le héros, on veut la protéger de ces hommes lui voulant constamment du mal.


C'est un peu long (2h), comme les films de super-héros. C'est plutôt foutraque, tout en étant bien foutu. On assiste pas à une surenchère d'effets spéciaux et pourtant on a notre dose de moments héroïques, mais aussi de cruauté. C'est parfois drôle, difficile, poétique et violent. La retenue du héros contraste avec l'exubérance du méchant. On se retrouve devant des scènes en décalage total avec le ton du film. C'est toujours agréable d'être surpris, même si cela manque d'originalité. C'est plus digeste que les Marvel et DC Comics, mais ça reste un produit moyennement réussi.


Le film a récolté de nombreux prix à travers divers festivals. Il a surtout effectué une belle razzia au David di Donatello 2016 : meilleur acteur, actrice, réalisateur pour un premier film, producteur, montage, acteur et actrice dans un second rôle. Claudio Santamaria, Ilenia Pastorelli, Luca Marinelli et Antonia Truppo sont impeccables. Ils nous aident à rester dans le film, grâce à leurs performances. C'est surtout un premier film et cela ne se voit pas. Gabriele Mainetti réussit à maintenir son oeuvre en dehors des eaux troubles du genre et même s'il ne fait pas preuve d'imagination, il nous permet de voir un univers différent de ceux des super-héros dans les productions américaines.


On a surement assisté au début d'une franchise et malgré mes réserves, je me rendrais avec plaisir dans les salles pour découvrir la suite des aventures de Jeeg Robot. Le super-héros made in Italie a de beaux jours ensoleillés devant lui.

easy2fly
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le 11 mai 2017

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Laurent Doe

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