Alors qu'on assiste à une floraison de comédies musicales, bonnes, mais surtout mauvaises, depuis le trou béant ouvert par Baz Lurhman et son Moulin Rouge, John Carney, (connu pour avoir été bassiste des The Frames), nous livre ici pour son troisième long métrage et le plus populaire jusqu'à présent, son premier chef d'œuvre.

Avant de commencer, une petite histoire est nécessaire.

5 ans après « La vie à la folie » (On the edge en VO), John Carney décide de retrouver Cillian Murphy afin de réaliser un film très vaguement inspiré des débuts de Glen Hansard, où celui-ci composerait les chansons du film, sachant que Murphy était musicien avant d'être acteur. Mais celui-ci a rechigné à travailler avec Markéta Irglova, alors âgée de 17 ans, n'étant elle-même pas actrice et à chanter les chansons de Glen. Cillian quitte le tournage mais... problème, il était également un des producteurs. Résultat ? L'acteur principal se casse, emmenant toute la production avec lui. Carney se tourne vers son ami Glen Hansard -dont il souhaite raconter l'histoire- pour jouer le rôle principal, chose qu'il accepte. Le film est donc tourné sans presque aucun budget, sans autorisations. Et, surtout, en 17 jours le tournage est bouclé.

Lorsque les productions hollywoodiennes nous font ingurgiter à tort et à travers des chorégraphies invraisemblable et histoires rocambolesques sur un scénario de la même épaisseur que mon papier toilette (qui a dit « Mamma Mia ! » ?), Once nous offre un véritable moment de poésie. Chef d'œuvre ? Pas loin.

Cette histoire pleine de romance et de bonheur nous entraîne alors dans les rues de Dublin, où on vacille entre Talbot Street et la banlieue, entre St Stephen's Green Garden et le HMV, ou même dans la banlieue dublinoise. On a donc l'impression d'entrer dans l'intimité des personnages. Ceci est accentué par la réalisation. L'effet que donne la caméra numérique nous plonge dans une sorte de voyeurisme. La simplicité des acteurs et leur excellente prestation contribuent à cet effet. Glen Hansard brûle littéralement la pellicule lorsqu'il attrape une guitare, et Markéta Iglova fait facilement le poids face à cette pointure de la musique. On assiste alors à des scènes comme on en voit régulièrement pour ceux qui ont eu la chance de se balader dans les rues de Dublin. Loin des chorégraphies stupides où tout le monde commence à danser dans la rue, les différentes chansons (dont une qui a gagné l'oscar de la meilleur chanson) qui parsèment le film sont des véritables tranches de vie. Surtout que nous ne connaissons rien de nos protagonistes. C'est au fur et à mesure des paroles que nous commençons à comprendre la ressemblance qui les lie et donc forcément la romance inévitable naissante.

Pourtant, même si sur le papier, le scénario semble presque ordinaire, il est assez atypique. Le traitement des personnages (disons le clairement, ce sont deux losers) et leur histoire d'amour finalement à double sens et à sens unique nous font attendre un final qui n'arrivera pas. Car même si le happy end est bien là, il n'est pas celui qui paraît le plus évident. Et ces deux personnes que tout oppose et que tout réunis se font grandir et mûrir l'un l'autre. « The Guy » et « The Girl » (puisque nous ne savons même pas leurs prénoms) finissent par passer à l'âge adulte, malgré les 20 ans qui les sépare. Alors oui, le schéma est très linéaire, il commence de rien, et finalement s'en sort pour enregistrer un album qui est très bon. Mais on s'en fout. Parce que finalement, la vie est linéaire. Et c'est un passage de deux vies qu'on entrevoit.

Enfin, le point le plus important est la musique, véritable personnage du film. Tout est présenté comme si finalement, ce n'était pas une comédie musicale (même si les backtracks nous remettent dans le bon sens, difficile de croire qu'il y a une arrière voix pour Glen alors qu'il est seul). Et cela s'enchaîne avec merveille, les mélodies nous donnant plus de frissons qu'un froid hivernal, tant elles sont chaleureuses et remplie de sentiments.

Laissez-vous guider dans cette vie si ce n'est pas déjà fait. Car Once ne laisse pas indifférent.
AlexLoos
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le 12 juin 2010

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