Les années 60 à 70 ont été une très bonne période du cinéma, elles étaient inventives et permissives. Pourtant la censure était omniprésente, mais les cinéastes trouvaient tout un tas de stratagèmes pour la contourner. Ils plaçaient le message qu'ils voulaient dans un autre contexte. Pour parler de sujets aussi délicats que sont la politique ou la guerre, et afin que tout passe mieux il suffisait de placer tout ça dans un western. Pour toucher au sujet sensible du sexe, rien de mieux pour le faire passer qu'en suggérant les choses comme l'a fait Russ Meyer dans son Motor Psycho. Dans ce film le réalisateur se sert du bec d'une pompe à essence enfilé par le pompiste dans le réservoir du véhicule d'un vétérinaire, pour illustrer le viol de sa femme qui a lieu au même instant. L'allusion est pourtant loin d’être subtile, mais comme il n'y avait aucune nudité et aucun acte sexuel dans la scène il ne pouvait y avoir de raisons pour la censure. Tarantino évoque cette période du cinéma dans son Once Upon a Time... in Hollywood, si maintenant la censure n'est plus autant présente, et n'est plus aussi active qu’auparavant. Il existe tout de même une autre forme de censure qui est celle du politiquement correct. C'est une forme d'autocensure qui se fait en amont pour ne pas choquer le public et ratisser large. Les financiers font supprimer certaines scènes sensibles afin de ne pas déplaire au public. Voilà ce que nous proposent les grosses productions Hollywoodiennes actuelles. Elles n'offrent que du vent, placé sous le signe du divertissement, il n'y a même pas un message, même un tout petit à l’intérieur, non tout ça est vide de sens et de contenu. Voilà ce qui gangrène le cinéma actuel, le manque d'ambition et de prise de risques dans les grosses productions.


Si Tarantino revient sur cette période, malheureusement il ne propose pas grand-chose dans son film. On ne sent même pas souffler le vent des années 70. Pour nous situer cette époque, il le fait uniquement au travers des costumes et des voitures, mais ce n'est pas suffisant car rien ici ne transpire cet instant charnière. Avant son cinéma était constitué du meilleur des productions de ces années, il faut dire que l'homme savait très bien repérer dans les productions des autres les bons passages et les réinjecter dans son propre cinéma. Mais depuis plusieurs films Tarantino s'est pris pour un auteur. Il pense pouvoir faire comme son modèle Leone, c'est-à-dire proposer du divertissement tout en navigant sur un fond historique. Seulement il s’avère incapable de réaliser une telle chose. Si la tentative est là, ce qui en ressort est une chose tiédasse. Le film est bien trop long, pourtant dans les cinq premières minutes le ton est bon avec cette interview qui est très fidèle à ce que l'on pouvait trouver à cette époque. Le reste n'est pas grand-chose, seule la scène avec Bruce Dern arrive à quelque peu regagner une once d’intérêt. Pour le reste c'est le calme plat. Pour une fois Tarantino n’essaie pas d'amuser la galerie avec ses dialogues à rallonge qui chercher à tout prix à amuser. Les dialogues ne sont pas amusants un instant, mais ils collent bien aux personnages. Certaines scènes n'ont aucune utilité comme les flashbacks, dans lesquels ont voit Bruce Lee. Voir Steve McQueen n'a également aucun intérêt, tout ça est simplement placé là car Tarantino apprécie ces gens, sinon ça n'a aucun intérêt à l’histoire. Si ces passages étaient absents du film, ça n'aurait strictement rien changé. Globalement les scènes sont trop étirés, elles pourraient être bien plus courte, elles n'ont pas besoin d'être aussi longue à la vue de ce qu'elles racontent. Tout ça pourrait être dit bien plus rapidement, le fait de faire des scènes à rallonge n'apporte rien.


Tarantino est devenu ce cinéaste fatigué qu'il dit vouloir absolument ne jamais rencontrer. Puisqu'il souhaite arrêter dit-il avant de faire le film de trop, seulement il semble être le seul à ne pas se rendre compte qu'il l'a fait depuis bien longtemps ce fameux film de trop. La conclusion est toujours la même d'un film à l'autre, c'est une explosion de violence. Tarantino pense réellement cela surprenant? Ses films ont la même conclusion à base de justice sommaire qu'il décalque depuis le commencement. D'autant que ce final est grandement ridicule, il cherche à amuser avec cette fille qui hurle constamment, c'est simplement crétin. Une nouvelle fois le réalisateur ne se prive pas de changer le cour de l’histoire, cela pourrait très bien ne pas être gênant, mais il parle de personnages réels qu'il mélange dans une fiction. Le drame lui a bien existé, il est difficile de passer outre et de s'amuser avec ça. Même si on comprend bien ce que Tarantino veut faire. Tout aurait pu être différent si la famille Manson avait été sonner à une autre porte. Surtout à la mauvaise.


On dit qu'un film se fait trois fois. La première à l'écriture, la seconde au tournage est la troisième lors du montage. Et c'est peut-être bien cette étape qui pose problème au cinéaste, car depuis la mort de sa monteuse Sally Menke les films de Tarantino ne sont plus du tout les mêmes. La relation de cause à effet est évidente, on se dit que c'était cette dernière qui rendait son cinéma intéressant et qui savait lui apporter cette saveur. Ses films n'ont plus le même rythme, Tarantino n'a sûrement pas la capacité de donner les bonnes instructions au monteur qui a pris la place. A la vue des films qu'il réalise Tarantino est fatigué, il n'a plus d'inspiration. Qu'il arrête ça sera bien mieux pour tout le monde et notamment pour le cinéma.

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le 28 nov. 2019

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