Avertissement : cette bafouille n'aurait jamais vu le jour sans une attente trop personnelle et des éloges trop unanimes.
Un fond trop faible, et certes, Quentin est un formaliste.
On voit bien le contraste entre le fil narratif "acteur", reposant sur le décalage personne/personnage, la vraie vie des acteurs - ces babtous fragiles, et le fil narratif "cascadeur" dans le réel et l'action, le rêve aussi parfois, qui constitue les moments de tension et d'action du film (et ses meilleures scènes, mais ça n'engage que moi). Mais les dialogues sont pauvres, rendant le fil "acteur" un peu plat malgré la parfaite interprétation de Leo. Or certains voient du génie dans le fait que Tarantino se soit dépouillé de ses dialogues géniaux. C'mon guys...
C'est un film pour cinéphiles, au sens flatteur de narcisses.
Tarantino s'est toujours reposé sur des références, souvent pour en faire un peu plus qu'un bel objet. Son amour des acteurs, du cinéma en général et de Corbucci en particulier, on le connaît par cœur. L'intention reste trop basique pour un foisonnement pareil. 2H45 d'apparitions de célébrités et de plans connus pour décrire ce basculement d'un cinéma vers un autre, de ces années de proprettes illusions vers le fric, la drogue et le cancer du poumon, alors que tant d’œuvres existent déjà sur le sujet ? Pour ne citer que l'un des meilleurs, Boulevard du Crépuscule de Wilder décrit un autre basculement du cinéma 30 ans plus tôt, montrant l'envers cynique des choses.
Dès lors que tu sors un "trop long" ou un "tout ça pour ça", les cinéphiles de profession te renvoient aux références, voire la technique (le mec fait des films comme on en a fait pendant des dizaines d'année...Waaaa), mais que penseraient les idoles de Tarantino d'un film pareil, constitué à 90% de références ?
Un 3è point qui découle du 2è : du jamais vu il me semble, Tarantino nous explique son film.
On a droit aux petits badges nommant des personnages que l'on aurait pas reconnu autrement parce qu'ils ne sont là que pour le name-dropping (sauf peut-être dans certains cas comme celui de Damian Lewis en Steve McQueen, en imitation et non en incarnation, où l'on peut soupçonner un effet comique). On a aussi droit à une voix off qui mime les voix off du cinéma d'antan, mais qui sort régulièrement du placement de décor ridicule qu'elle était pour expliciter les faits et qu'en penser.
Une utilisation de la B.O en mode catalogue.
Travers auquel le goût très sûr de Tarantino ne s'était pas adonné jusque là, le film est parsemé de morceaux très cools, marqueurs d'une époque, mais par petits bouts. Les années 60/70 sont mes préférées, j'en ai reconnu pas mal, pour autant je n'ai pas bien compris l'intérêt... Certaines scènes sont brillamment mises en musique comme Tarantino sait le faire, attention, mais la partie zapping est inhabituelle chez lui et renforce le côté name-dropping du film.
De l'humour tarantinien en caricature de lui-même.
Est-ce vraiment de sa faute, au 9è film, on sait parfaitement qu'il nous embarque sur des pistes uniquement pour en changer au dernier moment. Et on aime ça, ça créé une tension comique et de beaux moments drôles et/ou jouissifs. Mais d'une la réécriture de l'histoire, c'est du déjà fait (dans Inglorious Basterds notamment) ; de deux, à part sur le fil narratif de Brad Pitt, ça tombe globalement à plat.
Le sous-emploi de plusieurs acteurs (je reconnais que c'est un point plus personnel)
Pour ne pas citer les plus bancables que leur pote Quentin s'est amusé à faire venir sur le tournage, Margot Robbie, femme magnifique et excellente actrice, méritait un rôle plus étoffé même si ça n'était pas l'idée. Sharon Tate, c'est le beau, le bien, la candeur face au diable et ses... trucs diaboliques, mais ç'aurait pu être autre chose. D'ailleurs le diable, parlons-en, quand cet acteur génial, pour l'instant méconnu et tellement tarantinesque apparaît à l'écran, j'espérais qu'on l'y verrait plus.