Once Upon a Time in Hollywood
Once Upon a Time in Hollywood raconte l’amitié profonde qui lie deux personnages incarnés par le très attendu duo Brad Pitt et Léonardo DiCaprio. Enfin bon, pour trouver une amitié profonde, on repassera : il semblerait que seules les dix premières minutes du film portent sur la relation entre les deux protagonistes.
Avant toute chose, cette amitié est très mal illustrée : les dialogues entre Cliff Booth et Rick Dalton ne laissent présager aucune complicité particulière, ils semblent vivre très peu de choses en commun (ils en ont vécu il y a 8 ans quand le premier était le cascadeur du second, mais ce moment n’est que trop rarement traité), et ils ne partagent presque aucun sentiment : jamais ils ne pleurent ou ne rigolent ensemble, si ce n’est à propos de la cuite qu’ils se mettent à la fin du film. Tout cela est peut-être dû à une direction d’acteur trop sévère. En effet, les meilleures scènes proposées en termes de jeu sont celles où DiCaprio et Brad Pitt ne sont pas ensemble, que ce soit pour celui-là une scène de tournage où il oublie ses répliques, ou qu’il s’énerve contre lui-même dans sa caravane ; ou pour celui-ci son combat avec Bruce Lee, ou sa relation avec sa chienne Brandy.
Alors si l’amitié n’est pas le centre du film, peut-être s’agit-il du scénario ?
Là non plus, Tarantino ne nous offre rien de particulièrement grandiloquent. Les personnages ne prennent aucune décision qui fasse avancer l’histoire. Le seul obstacle qui aurait pu faire bouger les choses étaient Al Pacino, interprétant un producteur invitant Rick Dalton à prendre conscience de son déclin et à se tourner vers le cinéma italien. Mais alors pourquoi résumer le passage en Italie de Rick Dalton avec une voix off ? Sharon Tate encombre le film plus qu’autre chose, puisque plusieurs scènes sont pauvres et indignes d’intérêt : qu’elle aille au cinéma pour se regarder elle-même, ça n’apporte rien, mais soit, ça décrit le personnage, aussi inutile qu’il soit, mais ajouter une deuxième scène où elle est contente dans la pièce obscure, pourquoi ? Là encore, certains choix semblent discutables.
Si les personnages sont pauvres et évoluent peu, et qu’ils ne servent pas non plus à faire avancer une histoire, quel est l’intérêt du film ?
Eh bien, peut-être qu’il faut se tourner vers le titre du film pour trouver un début de réponse. « Il était une fois… » était un titre utilisé par Sergio Leone dans ses classiques Il était une fois dans l’Ouest, la Révolution, et en Amérique. Cette trilogie avait pour prétention de décrire l’Amérique à trois de ses moments historiques qui définiront plus tard ce qu’elle est aujourd’hui.
Dès lors, on peut penser que Tarantino a la même prétention : comprendre l’Amérique d’aujourd’hui, ou du moins son cinéma, par l’avènement du Nouvel Hollywood.
Il reste donc que, si ce film est le portrait d'une Amérique, il manque de rythme, de palpitations, et l'on est bien content, après quelques scènes ennuyantes, de pouvoir mater Brad Pitt torse nu.