Je disais encore hier à un pote que, quand je vais voir un film de Nicolas Winding Refn, je ne sais même pas si je dois m'enthousiasmer ou non car je suis autant capable d’adorer l’esthétisme et la science du rythme de ses "Pusher" et autres "Drive" que je peux vomir la vacuité et l’autisme de son "Valhalla Rising".
Bon bah maintenant, avec ce "Only God Forgives" je peux désormais ajouter que je suis aussi capable de puissamment me barber face à son esthétisme du vide et sa science de l’autisme.


Parce que oui, c’est très beau : là-dessus y’a rien à dire…
Jolis plans, belle photo, beaux travelings et jolis sons infrabasses de Cliff Martinez...
Mais tout ça pour ne raconter... rien.


Ah ça on en verra des va-et-vient dans les couloirs entre Ryan « bad ass » Gosling et Vithaya « what the fuck » Pansringam (dans le film ils l’ont appelé Tchang : au moins ils se sont pas foulés) !
L’un vient... Il se passe rien pendant des plombes. Puis d’un seul coup il te bute un gars bien dégueulassement, puis il repart.
Puis c’est Vithaya qui arrive, il se la joue avec son sabre à la con, et puis lui aussi bute un gars... et repart.
Tout ça pendant 1h30. On croirait presque la structure narrative d’un porno.
Mais attention : un porno chic... Y’a quand même Ryan Gosling et Kristin Scott Thomas hein...


D’ailleurs, je me suis demandé ce qu’elle foutait là celle-là.
Franchement, Kristin Scott Thomas elle sert à quoi dans ce film ?
Ah si... Elle sert à varier les plaisirs.
De temps en temps elle fait l’interlude entre les scènes de violence, ou elle vient parler de bites et de chattes en permanence.
Moi, en regardant ça, je me suis dit que j’assistais – encore une fois – au film d’un gamin qui s’éclate tout seul, mais en ne voulant pas partager ses jouets.
« Eh ! Je mets les couleurs que je veux ! Les acteurs que je veux ! Je raconte ce que je veux ! Et je mets du sang partout si je veux ! »


Au fond d’ailleurs, cet ego-trip est même désespérément puéril.
Refn aime juste mettre des mots sales dans une bouche raffinée, faire gicler le plus de sang possible en rajoutant les bruits les plus abusés du monde, et faire des ruptures juste pour le plaisir de faire autre chose que ce à quoi on s’attendrait.
Pas de logique ? Pas de transmission ? Pas de but ? Pour moi, il n’y a pas de doute : ce film est un fuck fait au spectateur.
La fin suffit à elle seule à nous en convaincre...


(le film se conclut sur un karaoké ! Oui, un putain de karaoké où Tchang chante tout seul comme un con pendant que le générique défile !)[/spoiler].


Moi je dis, si Refn voulait montrer par ce film qu’il en avait finalement rien à foutre de ce qu’on pouvait dire et penser de son film eh bien ça tombe bien, parce qu’en fin de compte, moi aussi j’en n’ai rien à foutre de lui…
Allez ! Files au coin sale gosse !
Vas jouer avec Gaspar Noé, et reviens quand tu auras enfin décidé de partager quelque-chose avec nous, tes spectateurs...

Créée

le 5 oct. 2017

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