Je suis resté quelque peu de marbre face à cette proposition de cinéma post moderne au récit ténu et à la mise en scène très -trop- expressionniste. Le cinéma de Refn est un peu bordeline : très esthétisant, il soigne tous ses plans comme des tableaux ultra-léchés ; les mouvements de caméra sont réglés au millimètre, la photographie est sublime, la musique de Cliff Martinez envoutante, mais le film, pourtant réduit à 1h30, cumule de trop nombreux passages à vide. Si Drive pouvait encore passionner, ici, on éprouve le plus grand mal, dans un premier temps, à saisir les enjeux d'un récit qui revisite le mythe d'Oedipe, le film de sabre ou cite Kubrick, Bunuel, Argento ou Lynch sans parvenir à toujours fasciner. Gosling est filmé comme une icône et n'a pas grand chose à faire - il n'a que 17 lignes de script-. Mais par moments, et de façon étonnante, le spectateur est cependant totalement captivé par des instants de grâce ou d'horreur quand s'expriment les visions fantasmatiques surréalistes du réalisateur. La dernière demi heure est ainsi chargée de plans iconiques jusqu'à saturation. Assez déroutant dans sa mise en oeuvre, il faut attendre une bonne heure pour être récompensé de ses efforts.