Only God Forgives est un mauvais film dans le sens ou c'est un film sans vie, il ne vise pas à cela, c'est un objet totalement lisse, poli jusqu'à ce qu'il ne reste plus que cette forme parfaite mais inerte. Néanmoins l'objet intéresse parce que derrière ses parois, c'est un lieu, un espace nouveau, qui enveloppe le spectateur. Le réalisateur est parvenu à une telle apogée dans le style et l'esthétique qu'il parvient à purifier et à élever spirituellement son idée. L'esthétique du film est marquée par des lumières stylisées et par des noirs d'une profondeur intense permettant au film de sortir du temps de l'histoire pour créer une unité intemporelle. C'est en ce sens que Only God Forgives se dresse au rang du récit mettant en scène des personnages légendaires qui pourraient s'apparenter à de simple silhouette tant ils manquent de consistance mais c'est en cela qu'ils frappent l'imagination et sont retenus dans la mémoire. Un homme veut se battre contre un être unique, absolument parfait, présidant à ses lois et pouvant y intervenir. Ce qui intéresse dans cet être parfait c'est qu'il se prend pour dieu, il a le pouvoir de vie et de mort sur les hommes. Face à lui, un être qui cherche des réponses et qui va être guidé par sa foi, ici la foi comme courage, comme engagement lucide. L'homme connaît les risques mais cette foi implique une obligation qui se traduit par un comportement volontaire, ici venger la mort de son frère. Le protagoniste incarné par Ryan Gosling étant une sorte de créature purement spirituelle entre homme et dieu qui aurait perdu sa dignité. Il tue son père, pénètre sa mère, et amène à se demander quelle est la place du désir et de la loi dans ce monde, l'homme est-il responsable de ses actes? La rédemption est-elle possible? On s'approche alors de certains mythes existentiel dont l'objet est l'homme et son impossibilité à pardonner, objet auquel le film semble donner une réponse. Malheureusement, l'art radical de Nicolas Winding Refn ne fait pas dans la délicatesse, que ce soit dans les artifices, le symbolisme appuyé ou dans la psychologie, on pourrait lui reprocher la capacité avec laquelle il s'acharne à empêcher le film de vivre par lui même, livrant ainsi une œuvre comme une combinaison préméditée pour s'assurer le succès. Néanmoins, son art fait bloc et continue de fasciner.
Ravage
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le 23 mai 2013

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