Comme une bonne majorité de spectateurs, j'ai découvert le travail de Nicolas Winding Refn avec Drive.
Etant complètement tombé sous le charme de ce film, j'ai très vite dévoré le reste de sa filmographie et il ne me restait plus que son dernier bébé à voir : Only God Forgives , un titre qui promet déjà beaucoup surtout quand on parle de film de vengeance.
Cependant , les critiques m'avaient un peu refroidis et du coup , je l'avais laissé de côté préférant aller voir du côté de ses premiers films.
Enfin jusqu'à aujourd'hui où je me décide enfin de conclure mon petit cycle personnel.

2eme film avec le taciturne et charismatique Ryan Gosling, la bande annonce nous vendait au final un film assez proche de l'ambiance de Drive.
Mais ça serait bien mal connaître Refn que de croire qu'il peut faire 2 fois le même film.
En effet, que ça soit le polar sec des Pusher, la biographie délirante de Bronson ou le voyage psychédélique de Valhalla Rising, le réalisateur s'amuse toujours à explorer des univers différents.
Et Only God Forgives n'allait pas déroger à cette règle (même si on retrouve des éléments récurrents notamment dans le traitement de l'ambiance ) et c'est d'ailleurs une des choses qui peut expliquer la relative déception de certains spectateurs ne connaissant pas forcement le reste de la filmographie du Monsieur.

On a beaucoup parlé de la finesse du scénario mais je ne pense pas que ça soit un problème en soit.
En effet , Refn a toujours eu des scénarios extrêmement simple au final et encore plus depuis Valhalla Rising où il aurait même tendance à vouloir faire des films quasi silencieux.
Ici, aussi , la parole se fait rare et ne sert au final qu'à exprimer des états de fait.
Par contre (et surtout si on a jamais vu Valhalla Rising), on ne s'attend pas forcement au trip hallucinatoire du personnage principal interprété par Ryan Gosling.
D'ailleurs, ce n'est franchement pas ce que je préfère dans le cinéma de Refn.
Celui-ci a avoué depuis longtemps qu'il admirait le travail de Jodorowski et c'est moins mon cas.
Cependant si cette influence se ressent dans plusieurs de ses films , il réussi à la rendre digeste ou au moins à servir naturellement son film.
Dans Only God Forgives , ce sont les délires de Gosling qui doivent nous permettre de comprendre la sychée du personnage , les liens triviaux qu'il entretient avec sa mère et par extension avec les femmes en générale.
L'idée est intéressante et elle confère une vraie patte au film mais elle peut aussi paraître assez excluante si on ne rentre pas dans ce trip.
Heureusement ; à côté de ça , le film propose aussi de merveilleuses scènes de cinéma , poétique et envoûtante et par moment d'une grande violence.
J'ai adoré le personnage du flic interprété par Vithaya Pansringarm et la plupart des scènes où il apparaît sont emprunt d'une classe folle.
La scène où il fait des mouvements d’entraînements avec son arme m'a beaucoup fait pensé à celle de Ghost Dog.
On y retrouve le parallèle avec la danse et cette espèce d’ambiguïté entre violence et grâce.

Malgré tout, et là aussi un peu comme Valhalla Rising, si je suis assez content d'avoir vu le film , je ne suis pas sûr d'avoir envie de le revoir.
L'ambiance est certes saisissante, la musique enivrante mais l'ensemble peut paraître aussi assez vain.
J'ai lu une critique que Refn avait réussi à faire son film asiatique et d'une certaine façon, c'est assez bien vu mais au final , avec un thème proche, Only God Forgives se perd un dans son trip et donc perd aussi de son impact ( on ne compte plus les films de vengeance coréens tout aussi saisissant que le film de Refn mais beaucoup plus fort dans le rythme et l'intrigue ).

Au final, si je suis clairement admiratif du travail de Refn sur ce film et que j'applaudis la prise de risque de proposer un film bien différent de Drive ( qui pourtant l'a fait connaître au plus grand nombre ), je ne peux m'empêcher de le trouver au final moins fort que celui-ci et surtout un peu vain dans son intrigue.
Après , le film est bourré de pur moment de cinéma et je suis bien trop faible pour ne pas pardonner à Refn ses petits errements psychédéliques.
Stephane_Hob_Ga
7
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le 15 nov. 2014

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