A Bangkok, Julian tient un club de boxe thaï en couverture de son business criminel. Sa mère arrive des Etats Unis pour reconnaitre le corps de Bill, l’aîné de la fratrie, mort quelque jours plus tôt après avoir tabassé une jeune prostituée. La vengeance est déclarée mais rien de moins facile que de choper un flic aux méthodes ancestrales à base de tortures et de sabres.

Winding Refn quitte les sentiers du succès de Drive pour retourner dans le circuit indépendant. Cette fois, il laisse libre cours à son imagination pour mettre en scène un film très particulier. Dans ce Bangkok effrayant et menaçant, on assiste à une simple mais sombre histoire de vengeance. Rien de transcendant à ce niveau là mais le film joue sur sa puissance visuelle.

Avec ses contrastes très forts, son rouge sang dégoulinant sur de nombreux plans et sa bande son electro tout droit sortie de Hotline Miami, on tient (sans abuser des mots) un chef d’œuvre de mise en scène. Quelle claque visuelle et sonore ! L’ambiance se dégageant du film est inédite et décuple toute la tension et la violence extrême de certaines scènes. Mieux vaut avoir le cœur bien accroché pour voir des corps décharnés, des membres mutilés, du sang qui gicle abondamment et une séance de torture des plus significatives.

Rempli de personnages mauvais aux intentions mauvaises, Only God Forgives rassemble un bestiaire de monstres éclectique. Le justicier bad guy joué par Vithaya Pansringarm est pétrifiant et Kristin Scott Thomas, la mère castratrice est un condensé de cruauté. Par contre il va falloir faire quelque chose pour l’ami Gosling. Ok il est beau gosse mais il faut arrêter de lui donner des rôles où l’ensemble de ses répliques rentrent sur le dos d’une carte postale. Cela marche une fois (Drive), mais la faiblesse de son charisme est tout aussi peu parlante. Il existe tellement de gueules de cinéma, on se demande pourquoi Ryan Gosling est encore de la partie. Il se place dans la lignée des Keenu Reeves et Christian Bale dans le genre je suis muet et j’ai une paralysie faciale. Il faut attendre qu’il ait la gueule cassée pour gagner un peu de crédit.

Critiquer Gosling sur son mutisme n’est pas très sympa car le film est presque muet. Il y a très peu de dialogues car tout doit être expliqué à travers les images et la musique: émotions, peurs, évolutions du scenario… Comme expliqué plus haut, cela donne une mise en scène tonitruante mais montre irrémédiablement des trucs sans sens comme des femmes qui se touchent, des plans sur la ceinture de Gosling, du karaoké et des sortes de plongeons dans la psyché de Julian.

Irréprochable sur le plan de la mise scène, Only God Forgives l’est moins sur son personnage principal incarné par Ryan Gosling. Armé de son charisme pour minettes, il rend les silences encore plus silencieux. Pour le reste, cette plongée dans les bas fonds de la Thaïlande a de quoi marquer les esprits. Si vous passez à côté, seul Dieu vous le pardonnera.
ZéroZéroCed
7
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le 28 oct. 2013

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ZéroZéroCed

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