Only Lovers Left Alive par Julie_La_Roque
Les cinq premières minutes, plutôt pompeuses, n’étaient pourtant pas très engageantes. Enfin, si on laisse de côté les plans divins de la divine Tilda.
La première séquence du film annonce donc le personnage principal, Adam, rock-star misanthrope, qui au premier abord mériterait qu’on lui colle une bonne baffe, afin de lui remettre les idées en place et de lui redonner un peu de couleur, à ce blafard de vampire.
Car oui, Adam est un vampire, mais un vampire pas comme les autres, un vampire nouvelle génération, post-moderne, qui a su s’adapter à la société contemporaine et à ces règles bienséantes. Il ne tue plus pour se nourrir mais deale du sang à l’hôpital du coin, muni de son stéthoscope vintage.
Car en plus d’être un vampire, Adam est un grand nostalgique. Nostalgique d’une époque révolue, riche en innovations scientifiques, inspirations musicales et beautés architecturales. De cette époque, il ne restera, selon Adam, que peu de choses, et Jarmusch nous l’illustre à travers de belles séquences d’errances nocturnes où Adam dresse à Eve le portrait de sa ville natale désenchantée, laissée à l’abandon.
Et il y a Eve aussi, vampire érudite et multilingue; l’amour intemporel d’Adam, avec qui elle entretient une relation à distance, malgré leur lien fusionnel (nos amoureux de vampires sont new génération jusqu’à la pointe de leur vie de couple). «Only lovers left alive» nous parle de nostalgie, mais également (surtout?) d’amour, que la mise en scène, pudique, souligne avec grâce. Jarmusch serait-il classique? Rares sont ces films qui arrivent encore aujourd’hui à nous conter des histoires d’amour sans trahisons, ni ruptures ou suicide collectif final. Alors non, Jarmusch est peut-être tout simplement audacieux et innovant.
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