Je suis un grand fan de Jarmusch. Tous ceux que j'ai vus (Ghost Dog, Mystery Train, Down by Law, Coffee and Cigarettes, Broken Flowers, Dead Man, Stranger than Paradise), je les ai au minimum aimés et parfois même compris. Ce que j'adore chez ce réalisateur, c'est qu'on ne sait jamais, en commençant un film, si on va avoir du narratif ou du descriptif. C'est comme ça que je vois sa carrière, en fonction de ces deux lignes de fuite : d'un coté l'amour de l'image, des situations, des personnages en tant que tels ; de l'autre le goût du drame, de la péripétie, de raconter des histoires. Dans chaque film de Jarmusch, on retrouve tous ces éléments, bien sûr, mais en quantités variables et c'est ce qui fait leur identité propre.
Mais dans OLLA, l'élément dominant, c'est l'amour propre. Alors je dis pas, l'amour propre peut être un excellent combustible quand on fait de l'Ârt, mais pour le coup c'est un peu trop court. En mettant en scène deux vampires blasés, poètes maudits férus de "haute" littérature et rock stars enfermées dans une tour d'ivoire, j'ai l'impression que le réalisateur défoule ses propres frustrations et dans la foulée, nous réchauffe un discours de vieux con sur la décadence du monde.
Mais il y a du bon, il fallait s'y attendre. J'aime la manière dont Jarmusch prend pour acquise une situation de départ complètement loufoque, j'aime les scènes cocasses qui en découlent, j'aime la cohérence esthétique. Je pense malgré tout qu'un scénario qui offrait de telles possibilités aurait pu donner lieu à quelque chose de beaucoup plus intéressant s'il n'était pas au service d'une intention nombriliste.