A priori, il ne doit plus rester, depuis de nombreuses années, de soldats japonais croyant que la deuxième guerre mondiale n'est toujours pas terminée. Quoique le dénommé Hiro Onoda, dont Arthur Harari raconte l'histoire dans le film éponyme, n'est mort qu'en 2014 mais 40 ans quand même après avoir quitté la jungle des Philippines où il est resté durant 3 décennies. Fascinant destin que celui de ce dernier soldat, avec ses compagnons d'armes puis en solitaire, isolé du monde de l'après-guerre. Presque 3 heures de film pour raconter une telle aventure, ce n'est pas si long en définitive et Harari la traite d'une manière assez admirable, en s'inspirant du cinéma japonais, comme un Imamura ou un Shindō, par exemple, aurait pu le faire. C'est à dire en refusant tout spectaculaire et en nous faisant entrer dans la tête, folle mais logique de par son éducation militaire, du lieutenant Onoda. Jouant avec les ellipses et le vieillissement de son personnage principal, le film se révèle de plus en plus intéressant au fil des minutes, avec en point d'orgue ces face à face incroyables avec une jeune autochtone puis un touriste japonais. Si Diamant noir, le brillant premier long-métrage du cinéaste, avait marqué par la qualité de son style, Onoda, de par son classicisme et son lyrisme métaphysique, fait entrer directement Arthur Harari dans une caste rare dans le cinéma : celle des réalisateurs qui n'ont pas peur d'être ambitieux et qui restent maîtres de leur art.

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le 21 juil. 2021

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