Marrant de voir Onoda le lendemain de la finale de Koh-Lanta, tant il y a de parenté entre les deux. Bon, le film d'Harari est nettement meilleur, et c'est d'ailleurs sidérant de voir autant de maitrise sur un second film, alors que son premier laissait bien transparaitre la naissance d'un auteur, mais il y a un fossé entre les deux. D'ailleurs, Harari va pouvoir faire ce qu'il veut après un film pareil, tant mieux pour lui, mais attention aussi à la tentation du cinéaste-démiurge qui pointe après un film pareil. Bon le film est une véritable expérience, un véritable voyage tant interne que géographique, un long voyage immobile en même temps. ça dure trois heures, mais ce n'est jamais trop long, le rythme est parfait, et sa principale réussite est de faire, comme le disait Tarkovski, un film dont l'unité de mesure temporelle n'est plus la seconde, mais le plan. Une fois qu'on sait faire ça, on peut faire un film de 8 heures (à la Tarr) et ce n'est jamais trop long. Mes parties préférées du film sont les rencontres entre les deux temporalités, soit le tout début et la toute fin. Il s'y joue quelque chose de magique, d'impalpable, et de vertigineux. Le reste, au milieu, soit la quasi totalité du film, est superbe, mais presque un peu trop sage, un peu trop maitrisé. J'aurais aimé un peu plus d'échappées poétiques, non narratives (ça reste avant tout un film extrêmement narratif, peut-être un peu trop, malgré son minimalisme). Mais ne boudons pas notre plaisir pour autant, c'est bel et bien un très grand film.