Pour son dernier film d’espionnage OPÉRATION BEYROUTH, le réalisateur Brad Anderson fait brillamment découvrir au spectateur les différentes parties prenantes des enjeux géopolitiques à Beyrouth.


OPÉRATION BEYROUTH est un thriller géopolitique très réussi. Diplomates et espions de différents pays sont habilement plongés dans un contexte très bien posé dès le début. Le spectateur est violemment projeté à Beyrouth, lors de deux moments clés de la vie du diplomate américain Mason Skiles. D’abord en 1973 avant la guerre civile. La liberté dans laquelle cohabitaient toutes religions confondues est très bien retranscrite, même si les terroristes ne sont pas bien loin. Puis dans le chaos de de la guerre civile en 1982. Evidemment, pour ceux qui ne connaissent pas bien l’histoire complexe du Liban, et plus généralement celle du Moyen-Orient, les enjeux politiques et religieux pourront paraître assez nébuleux. Mais ce très bon film d’espionnage donnera aussi l’envie d’en apprendre plus sur la question.


Grâce à une mise en scène très dynamique, le suspense est maintenu jusqu’au bout avec des attentats, des meurtres imprévisibles et des retournements de situation. Le réalisateur Brad Anderson est un habitué des rebondissements grâce à sa participation dans de nombreuses séries policières (The Shield, Treme, The Killing, ou encore The Sinner). Mais OPÉRATION BEYROUTH bénéficie surtout d’une bonne intrigue. Et cela n’a rien d’étonnant puisque le scénariste est Tony Gilroy, spécialisé dans les films d’espionnage et les Jason Bourne.


C’est un peu difficile de raconter cette histoire sans dévoiler la fin. Ce qu’on peut juste révéler, c’est que Mason Skiles n’est pas le seul à être personnellement impliqué dans l’histoire. Il y a aussi son meilleur ami agent de la CIA Cal Riley (Mark Pellegrino) et le jeune orphelin libanais Karim (Idir Chandler) que Mason et sa femme Nicole (Leila Bekhti) voulaient adopter. Mais le bonheur du couple est brisé net par des terroristes, un soir de réception de 1973.



“OPÉRATION BEYROUTH remplit brillamment sa mission de film
d’espionnage : tenir en haleine le spectateur au cours de scènes
d’action riche en rebondissements, sans oublier la petite touche
d’autodérision à l’américaine.”



La caméra s’attache alors aux pas de Mason, homme meurtri depuis le drame. Il travaille désormais comme négociateur dans le privé aux États-Unis. Mason est interprété par Jon Hamm, qui se révèle très convaincant, opèrant parfaitement son tournant cinématographique depuis la série Mad Men. Le désarroi et la vulnérabilité de Mason sont touchants, malgré la facilité des clichés qui accompagnent l’homme qui noie son chagrin dans l’alcool. On a envie qu’il retrouve goût à la vie et cesse de se laisser sombrer.


C’est donc à nouveau le Liban qui lui en donne l’occasion. La CIA a besoin de lui pour l’aider à libérer son meilleur ami kidnappé par une vieille connaissance. En revenant sur les lieux de son passé douloureux, Mason va avoir aussi la possibilité de faire son travail de deuil. Mais il va surtout se rendre utile dans ce qu’il sait le mieux faire: négocier. Car négocier sur le terrain géopolitique est autrement plus excitant que négocier sur celui des conflits en entreprises.


Bien évidemment, dans ce genre de films, personne n’est vraiment qui il parait être et de fait, personne ne peut vraiment se faire totalement confiance. Tout le monde louvoie et ment sans cesse, pêchant le faux pour savoir le vrai. Ainsi évoluent autour de Mason l’ambassadeur des États-Unis et son attachée culturelle Sandy Crowder. Mais aussi les différents agents de la CIA, du MOSSAD, de l’Armée Israélienne et de l’Organisation de Libération de la Palestine. Sans compter sur les autres intermédiaires plus ou moins véreux qu’il est possible de soudoyer.


C’est Rosamund Pike (HHhH) qui interprète Sandy, amenant une tension sexuelle avec le héros dont le film aurait très bien pu se passer. OPÉRATION BEYROUTH remplit donc brillamment sa mission de film d’espionnage: tenir en haleine le spectateur empathique envers son héros tête brûlée personnellement impliqué, au cours de scènes d’action riche en multiples rebondissements, sans oublier la petite touche d’autodérision à l’américaine.


Sylvie-Noëlle


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le 29 mai 2018

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