Un James Bond aquatique

Ce 4ème film de la franchise Bond n'est clairement pas l'un de mes préférés dans ceux tournés par Sean Connery, il n'est que 16ème dans mon Top Bondien, et à cette place, même si ça ne sent pas mauvais, ça commence à n'être pas tout à fait terrible. Difficile à expliquer cette désaffection car il y a pourtant de très bons éléments : le prologue assez court est musclé avec une des plus violentes bagarres bondiennes entre 007 et le colonel Bouvard qui dévastent carrément le joli décor mis en place par Ken Adam, réplique d'un salon du château d'Anet (dans l'Eure-et-Loir, entre Evreux et Paris) où est tournée la séquence incroyable où Bond s'envole à l'aide d'un réacteur dorsal. Il y a aussi un superbe trio féminin formé par la délicieuse Française Claudine Auger, l'Italienne piquante Luciana Paluzzi et la mignonne Britannique Martine Beswick (rôle hélas un peu sacrifié). Quant au méchant, il est incarné avec conviction par Adolfo Celi, habitué des productions internationales, qui possède l'élégance des aristocrates italiens et qui rappelle un peu Auric Goldfinger du précédent opus.
A tout ceci s'ajoutent le cadre enchanteur des Bahamas, l'apparition toujours savoureuse de Q et de ses gadgets improbables, et une succession d'aventures peu vraisemblables mais distrayantes. Le film n'est donc pas totalement ennuyeux pour un Bond, mais ce qui m'a le plus déplu, ce sont les nombreuses séquences sous-marines qui techniquement, sont irréprochables car réglées par Ricou Browning, le spécialiste américain de ce type de scènes ; la soi-disant efficacité des scènes d'action dont les trois quarts se passent sous l'eau ne m'a pas convaincu, notamment cette bataille entre hommes-grenouilles qui tourne à la confusion et qui pour moi n'a vraiment rien d'excitant.
Heureusement que Sean est toujours aussi cynique et amusant dans ses private jokes, heureusement que la mise en scène de Terence Young qui reprend ici les commandes après Guy Hamilton, imprime un certain rythme. Peut-être s'est-il un peu trop reposé sur les recettes éprouvées du genre qu'il avait lui-même mises en place en réalisant les 2 premiers épisodes. Bon j'ai noté 7/10, ce n'est pas non plus déshonorant loin de là, mais dans les Bond de Sean, je préfère nettement On ne vit que 2 fois, Bons baisers de Russie et Goldfinger qui sont carrément supérieurs, même Dr No a plus d'atouts je trouve, mais je chipote sans doute.
A noter que le scénario de Kevin McClory fut écrit en partenariat avec Ian Fleming pour un film qui ne s'est jamais fait mais dont Fleming a récupéré le script pour en faire un roman ; McClory conservant son droit d'adaptation cinématographique, ça lui permit de produire Opération Tonnerre qui est le seul Bond de la franchise à n'être pas produit par le duo Salzman/Brocoli, ce qui explique aussi pourquoi en 1983, son remake Jamais plus jamais pourra être tourné hors franchise, marquant le retour de Sean Connery qui avait droit de regard sur le script.