Seconds comme cette seconde chance à laquelle nous sommes tous supposés avoir droit. Arthur Hamilton n'a rien fait de mal et n'a pas particulièrement raté sa vie mais la promesse étrange d'un vieil ami qu'il croyait disparu va éveiller chez lui un fol espoir et lui faire croire en l'impossible, en cette seconde chance, justement. Change de nom, de visage, de vie ! C'est à sa portée, à condition qu'il se rende à cette curieuse adresse griffonnée sur un bout de papier qu'un inconnu lui a glissé à la hâte à la gare, puis qu'il accepte de tout abandonner, strictement tout, lors de cette opération diabolique, celle qui va transformer ce banquier d'une cinquantaine d'années, fatigué et bedonnant, en un bel homme en pleine possession de ses moyens, peintre établi, demeurant dans une grande villa de Floride...
Voici le point de départ de *Second*s aka L'Opération diabolique, de John Frankenheimer. Un film fou et inclassable sorti en 1966 et repris dans nos salles en 2014 pour une seconde chance salutaire. Ce titre marque l'apogée d'un réalisateur charnière, génie éphémère du cinéma américain des années 60 ayant participé à ouvrir la voie au Nouvel Hollywood. Seconds est le troisième volet d'une trilogie admirable, préfiguratrice des nombreux films de complot à venir, de ces thrillers paranoïaques qui fleuriront pendant les seventies (A Cause d'un assassinat, Conversation secrète, Les Trois jours du Condor, etc). Ce triptyque glaçant signé John Frankenheimer se constitue d'Un Crime dans la tête, de Sept Jours en Mai et de Seconds, dont on préférera largement le titre original, étant donné que la version française le cantonne sous des allures de série b qui ne lui siéent guère.
Thriller paranoïaque teinté de science-fiction dystopique, louchant également vers l'horreur pure et le film noir, Seconds est avant tout un drame existentiel étonnant qui parvient à nous faire pleinement ressentir la crise que traverse son personnage principal (successivement incarné par John Randolph puis Rock Hudson), un homme plongé dans un mal être profond difficilement identifiable mais que l'on ressent dès la première image, dès ce générique terrible concocté par le grand Saul Bass, nous proposant des images déformées des parties d'un visage insaisissable, en détresse.
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