The Clockwork Orange, forever and ever

On m’avait vanté les mérites de ce film… Et bien, je n’en ressors pas déçue.
Il peut être décomposé en plusieurs parties : la première expose la vie d’Alex, chef de gang absolument méprisable et sans pitié, qui ne pense qu’à assouvir ses pulsions violentes et sexuelles. Sa vie bascule lorsqu’à l’issue d’une énième attaque de son gang, ses sbires le trahissent. Il se retrouve alors seul et derrière les barreaux. Vient alors la partie la plus importante du film : cette fameuse expérience qui a pour but de le dégoûter de ses vices à travers une réaction purement physique. On a beau le provoquer, il s’assagit comme un chien apeuré à cause des nausées qui l’envahissent. Il ira jusqu’à lécher la semelle d’un homme complice de cette expérience pour que ses nausées cessent... Bien heureusement (ou malheureusement pour certains), à l’issue du film, il parviendra à être guéri de cette mascarade malsaine et retrouvera son caractère (violent) d’antan.
Cependant, ce film laisse songeur, même soixante ans plus tard. A-t-on le droit de disposer de la vie d’un prisonnier comme bon nous semble ? Face à la violence extrême, est-ce légitime de perdre toute humanité pour soi-disant « protéger ses concitoyens » ? De ce fait, peut-on enlever toute liberté de penser et d’agir à un détenu sous prétexte qu’il a agi de manière ignoble par le passé ? Autant de questions qui nous préoccupent, même aujourd’hui. Sans parler aussi des médias et du gouvernement qui dans ce film se comportent de manière ignoble. Dans la première partie du film, les médias vont dans le sens du gouvernement en encourageant l’expérience mise en place, qui apparaît comme une solution miraculeuse pour vaincre la criminalité. Dans la seconde partie du film, il a fallu qu’un évènement dramatique se produise (la tentative de suicide d’Alex), pour que les médias fassent leur travail, enquêtent, et retrouvent un semblant de neutralité. Tout cela se produit encore aujourd’hui : les médias sont souvent main dans la main avec le gouvernement, jusqu’à ce qu’une affaire éclate. Dans ce dernier cas, ils prennent en main l’affaire, profitent des scandales croustillants pour amasser un maximum d’argent en laissant penser qu’ils sont ceux qui ont tout révélé pour ainsi protéger les honnêtes citoyens. Cette manigance habile des médias se reflète à travers le comportement des parents d’Alex, qui semblent gober tout ce qu’ils lisent dans le journal. Lorsqu’il est libéré, ils le jettent dehors à cause de ce qu’ils ont lu, leur fils ayant été décrit comme un monstre. A la fin du film, ils semblent radicalement changés, admettant leurs erreurs passées, puisqu’à ce moment-là, le journal expose Alex comme la victime d’une expérience infâme.
Bref, un film qui a beau dater, mais qui soulève des problèmes qui ne sont toujours pas résolus des décennies plus tard… Sans parler du jeu d’acteur génial qui nous fait rester en haleine du début à la fin.

Jennis
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le 27 août 2018

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