Orange Mécanique est le genre de film qu'on regarde ébahi devant son écran, sans savoir trop quoi faire et sans pouvoir s'en détacher.

La première partie nous montre, toute la bêtise et la cruauté de l'homme. Et on y croit. On y croit d'autant plus que le film nous met en scène, NOUS êtres humains, nous et toute notre splendide décadence, dans notre soif de perversion, de violence et de haine, au travers de la mise en scène quasi parfaite de Stanley Kubrick qui nous offrent des plans très soignés, des musiques extrêmement bien choisies et des acteurs superbement dirigés. En effet, les acteurs sont convaincants et convaincus du rôle qu'ils jouent et on se laisse facilement touché d'empathie envers les anti-héros que sont Alex et ses Droogies, une bande de jeunes adeptes d'ultra violence et de viol jusqu'au jour où ...

Dans la deuxième partie, on retrouve notre bon vieux Alex en prison réduit à perdre son identité échangé contre un numéro d'identification. C'est ici que Kubrick décide de placer une critique, presque une satyre de la condition de l'homme condamné à une vie monotone et qui devra se racheter à la société comme s'il devait se repentir devant Dieu pour éviter l'enfer.

La troisième partie du film m'a fait ressentir un réel malaise... J'ai eu l'impression d'être à la place d'Alex, dans cette scène où on le voit contraint de visionner des scènes d'ultra violence sans pouvoir détourner le regard, ni bouger. J'étaie pareil, derrière mon écran, devant ce film. Ébahie lors de la première partie par la violence du film, sans pouvoir ou vouloir l'arrêter. Un sentiment de malaise accentué par la mise en scène et l'horreur de la posture dans laquelle se trouve le protagoniste. Heureusement, cette troisième partie ne dure pas (ce que je trouve dommage puisque c'est un tournant du film) et laisse place à la dernière partie du film, où Alex est un homme "soigné" et "libre".

Cette troisième partie, qui devrait être la plus heureuse, est en fait la plus tragique. Notre Anti-Héro est impuissant face à la violence et à la perversion du monde, qui n'a pas changé. Il ne peux plus faire le choix de se défendre, dégoûter par la violence suite à son traitement, et est donc condamné à vivre la souffrance éternelle, comme le Christ auquel il s'était identifié plus tôt. Dans un dernier espoir, Alex tente de mettre fin à ses jours, en vain. On le retrouve alors dans son lit d'hôpital où il va guérir, pour de bon, cette fois.

Orange Mécanique est sublime, et pourrait bien être le chef d'oeuvre de Stanley Kubrick, détrônant 2001 (on retrouve d'ailleurs une affiche de 2001 dans Orange Mécanique, dans la première partie). Outre sa grandeur visuel, Orange Mécanique arrive à transmettre nombres d'émotion au spectateur, allant du comique, lors de passages presque absurde, au tragique. On ne sais jamais quoi penser d'Alex, est-il bon, est-il mauvais... Cette confusion de sentiments, presque synergétique, bouscule nos mœurs bien-pensantes : Ce film est subversif. Tout dans ce film est pensé pour altérer les pensées du spectateur, ou du moins, les faires évoluer. C'est ça qui rend ce film aussi parfait et qui lui donne son titre de monument du cinéma. Il a quand même été sélectionné par Le National Film Registry pour être conservé à la Bibliothèque du Congrès aux États-Unis pour son « importance culturelle, historique ou esthétique ».
Corentin_Cormon
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le 4 févr. 2014

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Corentin_Cormon

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