Une nuit froide et humide comme l’Écosse en réserve hebdomadairement (quotidiennement?), un étudiant japonnais est sauvagement assassiné dans un couloir du métro d’Édimbourg. La qualité de l'investigation et la résolution de cette enquête détermineront le nom du nouveau inspecteur de police. Six candidats pour une seule place. Et, à l'exception d'une nana arriviste et d'un métrosexuel toujours tiré à quatre épingles, tous sont de parfaits psychopathes. Jugez par vous mêmes : vous avez Ray Lennox le toxico, Dougie Gillman le néo-nazi assumé, Gus Bain l’attardé mental et Bruce Robertson qui est tout à à la fois et bien pire encore. Que la partie commence et pour le sergent Robertson, cela signifie s'abaisser à toutes les bassesses, les crasses, les humiliations, les manipulations, les tromperies, les cocufiages et les mensonges possibles... Fairplay. Évidemment on ne naît pas comme ça. Et il y a encore quelques années, Bruce était même un très bon policier et ce qu'on pourrait appeler un homme bien, un bon mari et un bon père. Tout cela tient aujourd'hui d'un rêve lointain et l'officier borderline lutte contre ses démons : son trouble bipolaire, son addiction à la bouteille, à la cocaïne et aux femmes, la culpabilité de la mort de son petit frère sur un tas de charbon pendant leur enfance et enfin le départ de sa femme et de leur fille de sept ans...

Le film est à mourir de rire pendant une bonne première moitié et le reste sporadiquement dans la deuxième. Mais le ton léger, burlesque et franchement politiquement incorrect (aux larmes j'ai pleuré) de ses débuts laisse progressivement la place à un ton plus sérieux, grave et sentencieux. Une chape de plomb tombe alors sur le film et nous emprisonne dans les méandres de l'esprit de Bruce et ses tourments. Le tout jeune réalisateur britannique Jon S. Baird dont c'est le premier long métrage, ne nous épargne rien de sa déchéance : bad trip corsé, hallucinations animalières, rêves psychédélique avec notamment Jim Broadbent en toubib amoureux de Taenia saginata, passage à tabac, travestissement, tout y passe. Cette deuxième partie, si elle voit McAvoy, incroyable jusque-là, changer de registre et pousser toujours plus loin le curseur de son talent, est quand même nettement moins bien que la première. La faute à une mise en scène très peu inspirée, assez plan-plan, un découpage et un montage pas folichon et un scénario qui entasse les tuiles sur le dos de notre pauvre héros sans jamais lui donner une chance de s'en sortir. Encore une fois, si le film est à voir c'est essentiellement pour le numéro dantesque de James McAvoy et les performances toutes géniales des seconds couteaux (Jamie Bell, Jim Broadbent, Eddie Marsan, John Session entre autres).
blig
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le 26 nov. 2014

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blig

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