Twist SNCF : sur les traces d'un pionnier belge du luxe ferroviaire

J'ai eu la chance de découvrir (comme souvent) cette petite merveille en avant-première sur la télévision belge ! A voir par notamment par les ferroviphiles, ou ceux qui rêvent devant les beaux voyages d'antan, mais pas selement. Et pour une fois, Philippe Gougler -globe-trotter du rail- n'est pas à bord.
Relier Paris à Constantinople, dès 1883, fut en effet le pari insensé d'un homme, l'entrepreneur belge Georges Nagelmackers. Cet illustre inconnu, contemporain de Gustave Eiffel et de Ferdinand de Lesseps, a créé la CIWL (Compagnie Internationale des Wagons-Lits) qui exploita le palace sur rail pendant près d'un siècle. On en voyait un des ateliers embranchés en arrivant en gare de Paris Nord.
Premier trait d'union d'une Europe politique morcelée, l'Orient-Express a ouvert une nouvelle voie entre l'Orient et l'Occident grâce aux traités que Nagelmackers parvint à signer avec chaque pays européen traversé. Le dirigeant de l'un d'eux prétendait même conduire la machine à vapeur tirant chaque train. Sa conduite au-delà des limites de vitesse permises n'alla pas sans déboires pour les voyageurs.
Ce fut aussi une révolution technologique : le voyage (interminable car au début existaient des ruptures de charge) était à l'époque extrêmement confortable, luxueux même, avec les somptueux décors Art Déco créés par le maitre-verrier René Lalique et le marqueteur René Prou. Tout n'était que beauté. On appellerait ça du "Premium ferroviaire" de nos jours !
Ce train avait bouleversé les mœurs de l'époque, avec son atmosphère raffinée, confidentielle, très haut de gamme, bon chic bon genre. Mais aux débuts de ce train, c'était aussi l'aventure et il était officieusement conseillé de se munir d'un revolver au cas où...
Arthur Mettetal, historien et chercheur en patrimoine industriel de nos jours,pour la SNCF notamment, et spécialiste de l'Orient-Express, part à la recherche de wagons perdus, disséminés à travers le temps et l'Europe, luxueusement restaurés comme ces wagons en teck, ou abandonnés. Notamment grâce à des vues depuis le ciel permettant de détecter les fameux toits blancs des wagons CIWL, signes ostentatoires du luxe extérieur ferroviaire de l'époque. Mais qui permettaient aussi ,côté pratique, de réverbérer les rayons du soleil lors des canicules, et ainsi de diminuer la température intérieure des voitures . On ne connaissait pas la climatisation à l'époque ! Avec lui, on va découvrir une rame exceptionnelle de 13 voitures abandonnées aux confins de la Pologne et de la Biélorussie. C'est miracle qu'elles n'aient pas été pillées ou plus vandalisées, tout comme l'équipement de la voiture restaurant !
On voit aussi des cimetières de trains, des gares désaffectées, des ateliers de restauration et un hôtel emblématique autrefois réservé aux voyageurs : le "Pera Palace à Istanbul". Déjà déficitaiire à l'époque !
Grâce aux effets spéciaux et 3D qui reconstituent pour la 1re fois le train du voyage inaugural de 1883 en teck, avec des scènes de fiction à la Gare de l'Est à Paris, dans d'authentiques voitures-lits et voitures-restaurants, le film nous emmène sur les traces de la ligne Paris - Istanbul, qui passait par Vienne, Budapest, Varna et Venise et qui permettait de parcourir plus de 3000 kilomètres en 3 jours; de franchir une dizaine de frontières comme les Alpes, le Danube et la poudrière des Balkans.
Le pionnier belge eut trop la folie des grandeurs et il fut ruiné lorsqu'il voulut joindre la Chine avec son train !
Le mythe a disparu en 1977 avec l'avènement du TGV et de l'avion qui vont révolutionner le marché des transports. Les nombreuses anecdotes, étonnantes ou dramatiques, rappelleront que le l'Orient-Express était un monde parallèle, un rêve éveillé, sublimé par les romanciers, les cinéastes et les artistes. Un pont entre l'Occident et l'Orient. Renaîtra-t-il un jour ? Des tentatives ont existé, en vain.

Je comprends néanmoins qu'au siècle de la vitesse, se balader dans un train qui se traîne n'est pas très attractif ! D'ailleurs, dans une formule américaine, le retour (ou l'aller) étaient faits en avion. Et même dans un environnement luxueux, l'ennui vient si vite. Et puis il y a la face cachée de ces vieux ancêtres du rail... J'ai fait un Paris-Venise dans un des derniers wagons-lits de la relation exploitée par les FS et la SNCF... Je pensais faire un voyage de rêve : ça a été l'horreur !

D'abord il n'y avait pas la clim et en plein été, c'était insupportable... On a bien tenté de baisser la vitre du compartiment mais là, avec le bruit, c'était pire ! Comble de malchance, on était aussi à l'endroit du bogie... et ça résonnait sur les appareils de voies comme s'il n'y avait pas de suspension. L'horreur là encore ! Ca s'explique : le confort de ces vieux machins est à des années lumière des suspensions feutrées des TGV... Enfin et comme si ça ne suffisait pas : ces caisses spnt dites aménageables : c'est à dire qu'un compartiment single (une personne) peut évoluer en compartiment double, voire autre. Les structures en bois sont donc évolutives, mais comme elles ont été secouées comme des pruniers depuis leur construction, les articulations et parois, ça grinçait, ça couinait, et on avait la trouille que l'une d'elle se déverrouillât !

Bref, ma madone des sleepings et moi pensions faire des galipettes et un voyage de rêve : c'est comme si on avait voyagé sur un strapontin en lisant des bouquins. L'horreur !

On ne le dira jamais assez, du vieux, c'est du vieux ! Ce n'est pas pour rien que le pionnier dut se contraindre à laisser pourrir ses trains à la frontière. N''est pas Rothschild qui veut !

La une (RTBF) le 21.12.2018- Histoire le 06.01.2022-

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le 8 janv. 2023

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