Othello
7.7
Othello

Téléfilm de Jonathan Miller (1981)

Hoskins/Wilton/Hopkins jouent la pièce de la jalousie

On retrouve Jonathan Miller aux manettes de cette version d'Othello pour la BBC, et sa vision du drame est particulièrement noire, quitte à atténuer les aspect les plus tempétueux que Verdi avait pu mettre en exergue dans son opéra (seule autre référence que j'ai concernant la pièce, je ne l'ai jamais lu, ni vu dans aucune autre mise en scène).
Comme ses autres productions, sur un plan visuel ce n'est ni bon ni mauvais, télévisuel, cherchant à "cinématographier" la pièce, avec, et c'est la première fois que j'en prend conscience, une réutilisation de décors déjà vu dans La Mégère apprivoisée.

Là où ce Othello marque des points, c'est dans son casting, absolument remarquable ! Bob Hoskins, merveilleux, porte la pièce de son fiel rieur (parfois trop) en un Iago d'anthologie, et Desdemona est superbement campée par la très peu vénitienne mais très britannique Penelope Wilton. Anthony Hopkins, vaguement grimé complète facilement ce trio de rêve en un Othello qui brille par sa crédulité, sa tenue et ses moments d'apaisementset de sagesses, même si je n'ai pas toujours été emporté par tous ses choix, surtout quand on en vient à ses débordements de colère. Miller offre à leur talent de long plans séquences électriques, regroupant parfois plusieurs scènes dans une gestion du temps finalement plus proche du théâtre que ne voudrait nous faire croire la déambulation de la caméra au sein de décors visiblement fermés.
Cela aurait suffit à faire de cet Othello un bon cru, indépendamment de la pièce en elle-même, qui est un bonheur, mais la beauté du casting ne s'arrête pas aux têtes d'affiche, et l'ensemble des seconds rôles est tout aussi bon, bien qu'aucun nom ne me soit connu : Anthony Pedley en Roderiguo (déjà croisé dans cette collection), Rosemary Leach en Emilia, splendide de complicité taquine avec Iago/Hoskins, David Yelland en Cassio sans compter les têtes grisonnantes qui personnalisent l'autorité et la loi en les personnes de Joseph O'Connor et John Barron, entre autres...

On connait l'anecdote, selon laquelle se serait pour prendre en défaut son acteur fétiche, qui lui disait qu'aucun de ses personnages ne lui était impossible à incarner, que Shakespeare aurait écrit Othello. On y repense face à cette mise en scène, aussi solide soit-elle dans son casting, qui semble pourtant poser quelques soucis à Anthony Hopkins. Elle n'en reste pas moins un jalon de qualité au sein de cette intégrale, et qui fut, pour ma découverte de la pièce dans le texte, un grand moment de plaisir !
Tom_A
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le 4 janv. 2015

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