La diaspora de l'effroi

           L’épouvante, ou probablement le genre où les cinéastes affrontent le plus d’embuches pour exceller. L’exercice relève de l’orfèvrerie et plus d’un cèdent aux sirènes de jump scares foisonnants, ces sursauts de la bande-sonore qui cherchent à surprendre. Les films d’horreur se revendiquent souvent comme tels, s’empêtrent eux-mêmes dans une codification éculée. En pâtissent une brochette de productions honnêtes, parfois détournées par les différents intervenants de leurs intentions de base. D’autres rejetons, bien moins intègres, s’enfoncent profondément dans les attentes prêtées à leur public-cible pour façonner des archétypes insipides.
            Ouija, tentative crasseuse parmi d’autres, opte pour le spiritisme afin d’ébahir son audience. Une galerie d’adolescents piochés au hasard, dont on n’entreverra rien de la personnalité, fait joujou avec un ustensile grégaire de communication avec l’au-delà. La planchette paranormale se limite à quelques itérations (les lettres de l’alphabet, « oui », « non », « au revoir »), mais ça suffit à la bande pour contacter leur amie s’étant inexplicablement suicidée. À partir de ce postulat naïf éclot une farandole de pics sonores pour surprendre les sensibles avec n’importe quoi (une porte qui claque, le gaz qui s’allume ou… un caddie qui bouge). Des dialogues indigents ralentissent le rythme, espérant magnifier une tension dont l’ascension demeure absente. Pas la moindre inventivité scénique n’est déployée. Ouija ne prend même pas la peine d’utiliser les artifices classiques mais efficaces, comme l’exploitation du hors-champ. Il déverse les gimmicks du genre sans talent, ne décolle jamais et bannit l’enjeu de son cahier des charges.

Article complet : http://critiquequantique.tumblr.com/post/121341127356/la-diaspora-de-leffroi