Un peu à la manière d'X-or (mais sans le Denji Seiju Dol ni le Rollersky) Sean Connery est un shérif de l'espace. En poste depuis peu dans une station minière sur Io, l'un des satellite naturel de Jupiter, il doit jongler entre sa femme dépressive et ses nouveaux partenaires de travail, encore méfiants à son égard.
C'est bête car il a d'autres chats à fouetter, en effet les mineurs de la colonie sont pris de soudaines crises suicidaires dont la fréquence ne fait qu'augmenter. Il ne faut pas longtemps au policier pour se douter que quelque chose cloche dans le temple de la productivité minière.

Film de Science-Fiction minimaliste et confiné, "Outland" mélange les genres. Des comportements étranges, des tripes répandues dans l'ascenseur, des hurlements, l'isolement des êtres... le début fait appelle à l'horreur et au fantastique. Puis on découvre assez vite que tout ceci a une explication très terre-à-terre... ou plutôt Jupiter-à-terre avec un trafic de drogue et des interventions musclés. On bascule alors dans un polar spatio-urbain. Puis derrière tout ceci se dessine un complot corporatiste méprisant la vie pour le profit face auquel se dresse le justicier imperturbable (mais alors complètement imperturbable, tout au plus esquisse-t'il une moue) comme dans un bon vieux western.
Utiliser le cadre de la science-fiction pour y exploiter complètement autre chose est une bonne idée en soit, Alien a plus marquer les esprits pour sa composante horreur que pour ses vols en apesanteur et le futur Blade Runner (Outland date de 1981) doit énormément au film Noir.
Seulement ça ne suffit pas toujours, malgré un concept séduisant et un casting de choix (Sean Connery et son charisme sied parfaitement au personnage) la sauce ne prend pas.

La sauce ne prend pas car le déroulement se révèle assez plat et convenu, les personnages secondaires sont peu nombreux et a peine survolés, les situations restent peu surprenantes et la mise en scène peine à exploiter le cadre confiné de l'action. Si les personnages semblent effectivement à l'étroit on a la sensation que la caméra l'est aussi et qu'elle n'ose pas s'affirmer. Résultat : on bénéficie d'une poignée de jolies plans extérieurs (surtout ceux de l'intro, très réussie) et d'une multitude d'autres sans trop d'intérêt. La mise en scène n'arrive pas à offrir le relief attendu, spécialement lors des scènes de tension qui semblent bien molles.
L'ambiance peine à s'installer, les situations peinent à se développer et on passe d'une scène à l'autre, d'un genre à l'autre, sans implication réelle. Autour du Prévôt O'Neil (Sean Connery donc) les interactions sont limités et l'univers manque ainsi cruellement de vie, de substance pour qu'on y adhère pleinement.

Cette station minière aux confins de Jupiter ne manque pas de charme, le charisme de Sean Connery fonctionne toujours, le score de Jerry Goldsmith assure et le mélange des genres confère à "Outland" un certain capital sympathie. Cependant le récit ne décolle jamais. "Outland" n'est pas vraiment un mauvais film mais il s'avère extrêmement banale. Le décalage entre le contexte intriguant et son exploitation laisse un sentiment un peu amer : celui d'un potentiel gâché.
Vnr-Herzog
7
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le 6 févr. 2012

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