Redécouvrons cet excellent thriller de SF des 80’s qui ne peut que plaire aux fans de James Cameron et de Sean Connery, des gens de goût donc et permet de donner un coup de projecteur sur un réalisateur qui n’a pas eu la reconnaissance qu’il méritait sans doute : Peter Hyams.


L’action d’Outland se déroule dans un futur lointain sur la station minière Con-Amalgamate 27, située sur Io, une lune de Jupiter ou William T. O’Neil, le nouveau marshall, enquête, aidé du médecin de la base, sur deux morts suspectes par décompression explosives, d’ouvriers pris de folie soudaine. Les incidents se multiplient et il découvre que les victimes utilisaient une drogue, augmentant leur productivité au prix de leur santé mentale. O’Neil ne tarde pas à découvrir que le trafic est orchestré par Sheppard (Peter Boyle) l’administrateur de la station. Après avoir neutralisé deux dealers à la solde de Sheppard et détruit leur marchandise. O’Neil, refuse toute compromission et apprend que Sheppard a engagé deux assassins pour l’éliminer devant arriver dans la prochaine navette. Par intérêt ou par lâcheté, les collègues du policier et le personnel de Con-Am ne souhaitent pas l’aider…


Peter Hyams est une sorte de chaînon manquant dans l’histoire du cinéma US ayant débuté à la télévision il a accompagné le nouvel Hollywood œuvrant dans de nombreux genres populaires, du thriller (La nuit des juges, Capricorn One) à la SF ( il eut l’audace de réaliser la suite de 2001 : L’odyssée de l’espace , 2010 : l’année du premier contact ). Les dernières années furent moins fastueuses après avoir réalisé deux films pour JCVD (Timecop et Sudden death) , ses deux derniers films (The Musketeer et A Sound of thunder) furent des échecs artistiques et financiers. A la fois scénariste mais aussi très proche de la technique, il est connu pour être directeur de la photographie de la plupart de ses films. Il préfigure ainsi un James Cameron qui compte et ce n’est pas un hasard parmi ses fans. Il comptait d’ailleurs produire un script qu’ils avaient co-écrits Bright Angel Falling sur l’arrivée d’un astéroïde menaçant la Terre ( script qui sera pillé par l’équipe d’Armageddon qui en reprend des pans entier). C’est encore Cameron qui suggéra son nom à Arnold Schwarzenegger pour mettre en scène End of Days après le départ de Marcus Nispel. Outland est le film de Hyams le plus réussi il s’inscrit dans le sillage d’Alien de Ridley Scott (le compositeur Jerry Golsdmith fait le lien entre les deux films) comme un exemple de « SF marxiste » qui apporte une vision réaliste de l’exploration spatiale loin du glamour du space-opéra aux camionneurs de l’espace du chef-d’œuvre de Ridley Scott succèdent les mineurs d’Outland. Les deux films sont d’ailleurs la transposition dans l’espace d’un genre bien connu le film de monstre dans un cas, le western dans l’autre. Outland est en effet une variation du Train sifflera trois fois (High Noon) le classique de Fred Zinnemann ou Gary Cooper devait affronter seul trois criminels arrivant en ville par le train alors que les habitants l’abandonnent par lâcheté.


Là ou High Noon etait une dénonciation voilée du Maccarthysme et de l’attitude d’Hollywood vis à vis de ses auteurs « blacklistés », le thriller SF hyper efficace de Hyams porte en filigrane une thématique anti-capitaliste. Io n’est qu’un avant-poste de l’exploitation, il y a peu de différence entre les mineurs qui creusent les collines du Colorado pour de l’or ou du titanium sur une lune de Jupiter, la cupidité des corporations et de la classe dirigeante prévaudra toujours. L’esthétique utilitariste de la colonie minière d’Outland aura une influence énorme sur celle de Cameron pour la colonie d’Aliens ou la station de The Abyss. Bâtie sur le modèle des plateformes pétrolières, elle donne un cadre claustrophobique idéal pour la montée de la tension. Grâce à son production design , à sa photo créditée à Stephen « Lethal Weapon » Goldblatt (en fait Hyams fut le vrai DP sur le film au grand dam du jeune Goldblatt) et au montage ultra dynamique du maître Stuart Baird (Skyfall, Casino Royale, Demolition Man, Le dernier samaritain, L’arme fatale, Superman, La malédiction et oui quand meme!!) Outland passe très bien le test du temps. Mais bien sur le principal atout du film reste sa vedette l’immense Sean Connery.Le film se situe dans une période « intermédiaire » de la carrière de notre écossais favori qui va de l’abandon du rôle de James Bond à sa résurgence de la fin des années 80 qui le conduira à l’Oscar pour Les incorruptibles. C’est une période certes moins connue mais qui le voit expérimenter (on se souvient de l’improbable Zardoz) et compte d’excellents films (L’homme qui voulut être roi, La Rose et la flèche). Sa stature et le charisme colle parfaitement à ce héros incorruptible (encore!) seul contre tous et on prend un plaisir particulier voir le meilleur James Bond transporté dans l’espace. Il garda un bon souvenir d’Outland puisqu’il tournera à nouveau sous la direction de Hyams dans le thriller Presidio. Outland 33 ans après sa sortie reste un solide thriller SF dominé par un Sean Connery impérial.

PatriceSteibel
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le 11 févr. 2016

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