Peu après The Untouchables, De Palma décide de quitter les airs mafieux pour s'attaquer à un sujet un peu plus sensible, à savoir la névrose des Etats-Unis. Si beaucoup se sont plongés corps et âmes dans les émotions de la guerre, essayant d'en retranscrire les grands massacres avec plus ou moins de maladresses (on n'inclue évidemment pas des rares types comme David Lean), Palmounet a bien compris où taper.

Avec une modestie que je ne lui avait pourtant jamais trouvé, De Palma se contente de nous tirer un maximum d'émotions au travers d'une seule victime plutôt que des masses. Cette pauvre Viet' à la triste fin qui pourtant entretiendra en nous l'espoir absurde et veule de voir un dénouement heureux se détacher de ces horreurs. Sur ce coup, De Palma y enfonce les gros sabots ; à tel point que j'ai mis sur pause le film quelques instants pour respirer un bon coup sur la scène du pont. Une inhumanité sauvage avec un Sean Penn qui n'a rien à jalouser d'un Al Pacino Scarfacien de la décennie précédente.

J'ai dit qu'il n'y avait qu'une victime mais en fait je me trompe : il y en a deux. Le dénouement du soldat Eriksson, haï pour être humain d'esprit et moins de corps, nous pousse systématiquement à imaginer le pire. Si De Palma nous montre les horreurs dont les hommes sont capables, il nous montre aussi leur courage. C'est pas mal manichéen, mais la démonstration est diablement efficace. En plus, pour la victime Eriksson on nous offre Michael J. Fox, qui s'est révélé, à ma grande surprise, carrément crédible. D'ailleurs, je trouve drôle les retouches opérées sur la jquette pour doter le personnage d'un petit surplus de testostérone indispensable à tout militaire. Evidemment, il ne les a pas dans le film et c'est peut-être ça qui le rend crédible dans son rôle de pauvre garçon sympa qui va s'en prendre dans la gueule.

Finalement, il y a peu de choses à reprocher à Outrages si ce n'est son manque d'ambitions. Tout le film repose sur un sentiment de sympathie envers cette pauvre femme, puis envers le héros. Le problème c'est que si on s'attarde un peu trop à admirer les ficelles émotionnelles de la chose, on va vite se lasser et s'agacer. Néanmoins, cette scène du pont reste pour moi une sacrée baffe à laquelle je n'étais pas préparé.
LeCactus
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le 26 mars 2014

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