Ouvre les Yeux est un film des début d'Amenábar, très orienté sur les thrillers psychologiques. Il traite de sujets très intéressants, notamment l'acceptation de soi et la perception de la réalité, avec une histoire très tortueuse, qui serait dure à résumer, mais dans un scénario bien ficelé et plutôt clair.
Comme dans Les Autres, qui sortira quelques années plus tard, la fin explique toutes les questions qu'on a pu se poser durant le visionnage. C'est un film à twist. Moi j'ai beaucoup aimé le final, car le film devient très cohérent.
Le rêve n'est qu'un élément scénaristique qui permet d'expliquer les évènements bizarres, la folie de César. Il constitue tout l'intérêt de la seconde partie du film. Ce qui m'a beaucoup plu, c'est que toute la première partie, durant laquelle César est encore vivant, traite plutôt de la difficulté à s'accepter et à se faire accepter lorsqu'on n'a perdu notre physique avantageux.
Le personnage de César est sûr de lui, prétentieux, pour lui tout est acquis. Mais cet accident le rendra incapable d'aller contre sa situation, il se rend compte que dans un autre corps rien n'est aussi simple, et ça l'emmènera à se voiler littéralement la face. Même le titre lui dit d'ouvrir les yeux ! Et c'est ça qui est très habile de la part des scénaristes (Amenábar et Mateo Gil) : César refusant de s'accepter, on ne discerne plus le vrai du faux, et le doute s'installe. Seules les preuves irréfutables du twist peuvent fixer notre avis, et celui de César.
Le film est particulièrement riche d'intensité, avec de belles musiques et de très bons acteurs, ainsi qu'un traitement de la raison d'être qui personnellement m'a vraiment touché. La solitude redoutée par César, ou encore Antonio qui, en tant que personnage fictif, ne ressent rien, mais qui pourtant paraît se poser de réelles questions sur l'intérêt de sa propre existence... Ce sont de belles thématiques, bien traitées.
Désolé pour ceux qui n'ont pas vu le film, les spoilers sont conséquents, et il est dur d'en parler sans révéler d'importants éléments de l'intrigue. Quoiqu'il en soit, j'espère en avoir dit assez pour susciter un intérêt curieux. Ouvre les Yeux me pousse personnellement à creuser un peu plus le cinéma d'Amenábar, et j'ai l'intuition que son premier film, Tesis, peut valoir le coup d’œil !