Kaijus ou Gomora du XXI ème siècle ?

Pacific Rim est un rêve de gosse. Un rêve de gosse pour Guillermo Del Toro qui est un fanboy de la culture japonaise et notamment des kaijus depuis sa plus tendre enfance. Un rêve de gosse pour les fans du réalisateur, à qui on attribue enfin les gros moyens pour nous livrer un spectacle impressionnant. Un rêve pour les cinéphiles d’enfin sortir de la logique des franchises, reboot, adaptation, prequel et autres pour enfin voir un univers créer de toutes pièces prendre naissance devant nos yeux de spectateurs émerveillés…
Bref à moins d’avoir vécu au fin fond du Sahara, vous êtes au courant que Pacific Rim était légèrement attendu au tournant puisqu’il n’avait pas d’autre ambition que d’être le blockbuster de l’année.
Je le dis tout de suite comme ça c’est fait, Pacific Rim n’est pas un chef d’œuvre et toutes les autres critiques que vous avez pu lire sur ce film faisant état de "révolution de l’entertainment à Hollywood" sont aveuglées par leurs amour pour le cinéma de Del Toro .
Néanmoins le film est une sacré claque et pourrait être étudié par de TRÈS nombreux réalisateurs de blockbuster car le film est une leçon de mise en scène !
Mais revenons à l’univers du film, très fortement inspiré de la culture japonaise. Je dois admettre que je ne suis pas vraiment connaisseur de cette culture donc je ne peux pas trop vous dire si le film respecte les codes du genre.
Mais par contre le film est doté d’un univers, d’une patte artistique vraiment marquante qui le distingue des autres blockbusters américains classiques.
La direction artistique est fabuleuse, des décors aux robots en passant par les monstres ou les costumes, le film marque pas la multitude de détails et de soins apportés à chaque élément à l’écran. Des décors gigantesques et sales des hangars aux ordinateurs contrôlant les Jaegers, tout possède une identité visuelle propre, tout possède une histoire, un vécu et je suis heureuse de constater qu’on est encore capable de réellement développer un monde différent et de nous le faire ressentir comme réel.
Le simple fait que beaucoup de scène se passent la nuit, sous la pluie ou la neige changent des scènes habituelles en pleins jours avec une lumière resplendissante.
Le film qui nous présente des robots grands comme des immeubles cassant la gueule à des monstres de 3000 tonnes sonne vrai et ça, c’est assez génial pour être signalé.
On reconnait aussi toutes les marottes du réalisateur, les machines, les monstres, les trucs dégueulasses dans des bocaux, les costumes flashy, les fans du réalisateur seront ravis de voir tous ces petits clins d’œil à son cinéma.
De plus la mise en scène de Del Toro est fantastique. Que cela soit Whedon, Snyder, Forster, Abrams ou même Nolan, tous peuvent être inspiré du boulot titanesque qu’a réalisé Del Toro. Le magicien mexicain donne une ampleur à son film à l’image du sujet qu’il traite: colossal.
La profondeur de champ est à tomber par terre, le montage fluide, les mouvements de caméra impressionnent et donnant une lisibilité parfaite à l’action ce qui change des autres films de cet acabit filmés par des surexcités atteint de la maladie de Parkinson. Surtout Del Toro n’oublie pas un élément fondamental pour un film de cette envergure, toujours nous rappeler par le biais de la composition de ses plans le gigantisme du spectacle qu’il nous offre.
On trouvera toujours un hélicoptère dans l’angle de l’écran au premier plan ou un building en second plan pour nous montrer l’échelle des affrontements. Ce qui est très dur dans les films est de bien spatialiser les évènements pour les rendre crédibles. Ici nous avons affaire à un film ou un robot qui donne un coup de poing peut quasiment raser une métropole mais tout est fait pour nous rappeler l’insignifiance de la race humaine face aux combats titanesques des Mechas contre les Kaijus.
D’ailleurs, même si j’ai craché dessus car Del Toro est un anti 3D et que les studios l’ont obligés à convertir son film, force est d’admettre que la 3D est exceptionnelle ! Grâce à sa mise en scène et son cadre, le film permet à la 3D de s’exprimer réellement ce qui n’est pas pour me faire plaisir. De plus la photographie étant assez chaude, elle n’assombrit pas trop le film se passant pourtant la plupart du temps en pleine nuit. Bravo aux équipes de conversion car ça, c’est une vraie et belle 3D !
Par conséquent pour tout ce qui est technique, le film est franchement un sans-faute, les effets spéciaux vous en mettent pleins la vue, le design des monstres et des robots est d’une classe folle, l’action est monstrueusement badass…
Mais et c’est là que le bât blesse, le film n’est pas un chef d’œuvre à cause de son histoire.
Si l’univers est original, le déroulement de l’histoire manque cruellement d’intérêt car la narration est en mode automatique. Moi qui suis bon public et qui me fait facilement avoir par les fins de film, je n’ai quasiment jamais été surpris par les rebondissements du film.
L’histoire possède quelques bonnes idées comme les doubles pilotes des robots ou encore le fait que l’envahisseur ne débarque pas de l’espace mais de l’océan mais elles sont trop peu nombreuses.
L’histoire passe par tous les poncifs clichés du genre que cela soit le héros looser obligé de reprendre du service après avoir subi un trauma, les drames familiaux qui viennent empêcher la machine de fonctionner correctement en passant par le général stoïque cachant des secrets ou la rivalité entre les pilotes de Jaeger. Concrètement tout est absolument déjà vu, revu et encore revu dans ce film et non content de détruire l’émotion déjà quasiment inexistante du film cela rabaisse aussi sa qualité artistique.
Pour conclure sur le casting, il est bon mais pas transcendant, Charlie Hunnam que je ne connaissais pas fait le boulot plus qu’honnêtement sans pour autant déborder de charisme, ainsi que son coéquipier Idris Elba qui est impérial dans son rôle de dernier rempart protégeant l’humanité.
Rinko Kikuchi confirme quant à elle que de participer à des films de réalisateur mexicain lui va à ravir et déploie après son rôle bouleversant dans Babel une toute nouvelle facette de son jeu d’actrice tout aussi appréciable.
Ron Perlman est délirant dans son rôle bien qu’il soit complètement en roue libre, tout comme Charlie Day en scientifique se prenant pour une star de rock croisé au sosie de JJ Abrams (je rigole pas, c’est son frère jumeau dedans) et Burn Gorman en caricature hilarante du scientifique allemand désagréable.
PepperRd
8
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le 16 août 2013

Critique lue 232 fois

PepperRd

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