Je me souviens encore sortir à toute berzingue de la projo de the Hobbit pour rentrer au plus vite regarder sur ma tv en full HD le trailer du nouveau Guillermo. Le fantasme de voir une lutte herculéenne et hors norme semblait déjà accomplit rien qu'avec les premières images du bébé. Sorti de la salle 6 mois plus tard, il ne fait aucun doute que le contrat est rempli.
Mais il ne fait aussi aucun doute que la chose est perfectible, et que quand bien même elle délivre ni plus ni moins ce qui était prévu, il n'y a aucune raison de la vénérer aveuglément sans pointer précisément du doigt les trucs qui ne vont pas dedans.
Après tout, on l'a fait devant tous les blockbusters passés, pourquoi pas celui là?

Et loin de moi l'idée de basher pour basher afin de me distinguer de la masse. Si j'ai des choses à redire sur Pacific Rim, c'est bel et bien parce que ces dernières ont fait que je n'étais pas à bloc durant les 2h10 de l'engin. J'aurais aimé, comme j'aimerais participer activement à la biscotte générale, mais malheureusement non, tout Pacific Rim ne m'a pas déchainé.
Pourtant, l'intro envoi sec. Elle réussit parfaitement là où celle d'un After Earth échoue, en plantant le décor à toute vitesse, avec la ferveur d'un mec qui y croit dur comme fer et qui n'en peux plus de mettre ça sur grand écran. Toute l'intro, jusqu'au titre, encre puissamment l'univers sans qu'on ait à le remettre en cause et sans nous abreuver d'explications plombantes, et installe déjà une dramaturgie en voyant, ce qui était très osé, la première mission du Gipsy Danger terminer comme elle se termine. Là, tout de suite, on sait que le mec en veut.

Sauf que vient l'heure suivante. Et alors là, je ne comprends pas trop le délire. Pourquoi, ô grand dieu, POURQUOI passer une heure entière (j'ai regardé ma montre) dans cette putain de base militaire avec ses couloirs rouillés pas beaux et ses décors ternes à tergiverser sur comment ils vont enfin se mettre d'accord pour que la japonaise enfile la combi et copilote le bordel?
Certes, pour le duo comme pour Idris Elba, le film leur donne un trauma lié aux Kaïjus afin de légitimer leur présence plus que n'importe qui d'autre. Sauf que c'est tout. Passé la raison de piloter la chose, les personnages sont très plats, et l'écriture se limite donc au minimum syndical pour les suivre. Je sais ce que vous allez me dire, ça fait longtemps qu'on n'a pas eu de blockbuster avec le minimum syndical du héros. Beh si, ça s'appelait After Earth, et j'en avais 100 fois plus à carrer de Smith père et fils que de la japonaise timide et du beau gosse blond à la voix bien grave.
Mais à la limite, c'est même pas ça le problème, c'est qu'ils auraient pu accélérer tout ça et virer 20 minutes pour passer à la suite. Surtout quand l'intro te pose l'univers aussi vite. Ça m'aurait bien plus intéressé de voir la première attaque de Kaïju en entier, plus de plans sur la construction des Jaegers, des bases qui les accueille, ou de voir plus que 4 des fameux robots, surtout quand on te parle d'une vingtaine de modèles. L'univers est là, mais se limite à des pauvres couloirs pendant une heure, autour d'un enjeu un peu relou dont on sait pertinemment la conclusion. Surtout que comme par hasard, ils ont leur chambre l'une en face de l'autre, donc bon, on a compris les mecs, passez à la suite.

La suite justement. Et bah ENFIN ! Autant le dire, c'est assurément ce que ILM a plié de mieux jusqu'alors (traduction : mazeltov!), et ce qui m'a d'autant plus surpris, c'est que Del Toro te ré-injecte des enjeux à tout va. Suffit de voir Tcherno Alpha et Crimson Typhoon pour comprendre que ça rigole pas, que les monstres sont des monstres pour de vrai, et que la lutte va envoyer le steak. J'aime beaucoup la manière avec laquelle Del Toro rappelle continuellement la taille et l'ampleur des fights, plaçant souvent des bagnoles ou autres objets dans le plan pour qu'inconsciemment on calcule illico la hauteur des bestiaux. Surtout, on sent que Del Toro, et c'est là la marque des grands, il n'en peut plus.
Il y a une vraie jubilation à mettre en scène ces bastons, et même si le découpage s'autorise peu de folies pour rester extrêmement lisible, on prend notre panard. Certes, les chorégraphies sont pas non plus démentielles, et globalement, on peut très bien imaginer des mecs s'envoyer des briques dans la tronches à la place des cargos ou une barre de fer à la place d'un bateau. Mais sincèrement, ça nous suffit déjà tant oui, c'est extrêmement spectaculaire, avec des petits moments de tension très classiques qui fonctionnent. (mention spéciale à la séquence où les deux pilotes sortent du robot pour faire face au Kaiju). Même si il y a encore deux trois trucs de scénarios un peu chelou (toujours pas compris à quoi servait l'explication analogique/numérique, surtout quand on parle d'un robot dont la salle de pilotage est pétée d'ordinateurs), l'univers est enfin pleinement utilisé, avec notamment l'idée de voir les squelettes de Kaïju utilisés dans l'architecture des villes qui est très maline. Et j'ai adoré toute la partie avec Charlie Day, hilarant, et Ron Perlman qui s'éclate en diable comme à son habitude D'ailleurs, c'est pour moi les meilleurs personnages du film, des vraies gueules de série B dont la gaudriole leur donne de la consistance et une vraie fascination de la part du spectateur pour eux.

Finalement, je me suis dis que clairement, j'en ai eu pour mon argent. Apriori, si on rentre dans la salle, c'est qu'on veut voir des robots face à des monstres, et c'est le cas, c'est généreux, c'est assez varié dans les lieux de l'action, et en plus la 3D est très jolie. Ça m'a fait l'effet d'un super manège, comme le Rock'N Roller Coaster : c'est con, ça te secoue dans tous les sens, mais putain c'est pour ça que t'y es. Et malgré ça, je suis tout à fait conscient des limites du truc, que ça reste quand même un gros moment de geek porn, que bon nombre de personnes resteront complètement dubitatives face à la chose et que surtout, et c'est là mon vrai regret, il manque la petite étincelle Del Toro, celle qui te faisait regretter la mort du monstre végétal dans Hellboy 2 juste après avoir jubilé devant sa destruction, celle qui te faisait aimer les méchants pour leurs faiblesses et qui, surtout, t'émerveillait. Ça rentre tellement dans le tas que ça en oublie la magie, ce fourmillements incessant d'idées qu'il y avait dans son précédent film, ici remplacé par un récit linéaire d'héros dont on se fout un peu. C'est tout ce qu'il lui manquait pour en faire une putain de bombe. Mais en l'état, Del Toro s'est quand même pas foutu de nos gueules, et vu ce qu'on a pu se taper récemment, c'est déjà très bien.
Xidius
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le 16 juil. 2013

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