Guillermo Del Toro a, en ce moment, le vent en poupe. Sa "Forme de l'eau" est en train de cartonner dans les salles et a même permis au cinéaste mexicain de ravir son premier oscar en tant que réalisateur et son film de monstres et de robots, "Pacific Rim", voit sa suite débarquer sur les écrans du monde entier
Alors oui, Del Toro n'est ici que producteur et semble avoir laissé les mains libres au novice Steven D. DeKnight. Raison de plus donc, de dresser un petit comparatif des deux, le premier étant l'oeuvre d'un cinéaste à l'univers très personnel, il est intéressant de voir ce qu'apporte de neuf ce deuxième opus.
Alors, dans les points positifs, citons la sympathique performance de John Boyega qui est en train de faire son chemin dans le blockbuster de SF après son rôle de Finn dans "Star Wars". Désinvolte, et casse-cou, le personnage de Jake Pentecost (fils du personnage interprété par Idris Elba dans le premier), même s'il aurait mérité d'être plus approfondi, est le véritable atout de ce deuxième opus et remplace avec aisance le trop taciturne Charlie Hunnam.
Et, c'est à peu près tout. Pourtant, ce n'est pas l'inventivité du scénario qui est ici en cause (bien que parfois, on flirte tout de même avec le grand n'importe-quoi mais la tentative reste louable), ce dernier ne se contentant pas de faire réapparaître les Kaijus, ces monstres gigantesques issus d'une autre dimension, d'un claquement de doigts et d'aligner les grosses scènes de bastons avec leurs pendants mécaniques puisqu'il offre une histoire assez ingénieuse et truffée de petits rebondissements menant à un final aussi balèze que ce à quoi nous avait habitué le premier.
Cependant, le rythme du film, et surtout dans sa première partie, met en échec chaque tentative d'apporter quelque chose de nouveau. Mauvaise introduction des personnages (le héros, bien qu'attachant, est propulsé en à peine 30 minutes de voleur à pilote de Jaeger et aucun flash-back ou moment intime ne prend la peine d'explorer sa relation avec son père), mise en scène complètement à la ramasse qui ne sait pas mettre en valeur cette impression de grandeur qu'avait amené le premier ni l'importance de scènes clés qui passent alors à la trappe, le film de DeKnight est une pâle suite qui a confondu la précipitation avec une progression lente mais capable de mettre en lumière chaque détails de cet univers, quitte à ce que le film dure une demi-heure de plus. Ce dernier est tout de même traversé par quelques fulgurances comme la révélation de l'identité du bad-guy ou cette scène finale tellement flamboyante qu'on dirait que Del Toro est revenu en catastrophe pour sauver le film et laisser une impression de satisfaction au spectateur.
Mais ne nous y trompons pas, loin de la puissance graphique de son prédécesseur et mis en boîte sans réel talent, "Pacific Rim : Uprising" est la reprise douloureuse par les studios hollywoodiens du rêve de gosse du metteur en scène de "Hellboy".