On naît seul, on meurt seul, mais on aura bu beaucoup de bières ensemble

Aujourd'hui, hier, demain, c'est tout le temps la même chose. Et d'autant plus si vous êtes bloqué dans une boucle temporelle, ou que vous vivez votre troisième confinement suite à une épidémie mondiale.

Nyles (Andy Samberg) se retrouve à vivre éternellement la même journée, en Californie, lors du mariage de la soeur de Sarah (Cristin Milioti), complice malgré elle de cette distorsion temporelle. Ils vont alors boire des cannettes de bière tout en se découvrant l'un l'autre. Le film gagne sûrement la palme du placement de produit le plus souvent/longtemps visible à l'écran, au point qu'on se demande si ce n'est pas un running-gag absurde conçu par le réalisateur (Max Barbakow), ou un.e autre.

Palm Springs nous offre le plaisir de penser à Bill Murray et ses marmottes tout en nous donnant l'occasion de se plonger dans l'esprit d'une personne qui aurait déjà vécu un million de fois la même journée. Et nous, que ferions-nous, comment changerions-nous, en sachant que tout est permis et plus rien n'a d'importance, comme le répètent sans cesse les héros ?

Plus rien ? Pas exactement. La douleur physique reste, et les souvenirs vagues de nos tentatives de vivre/de mourir. Sous des dehors de film conceptuel abscons et artificiel, Palm Springs se révèle tout autre que cela : un film sur deux adultes coincés dans leur vie, seuls ou malheureux dans leur couple, n'osant pas assumer leur responsabilité et leurs choix, se laissant aller, qui vont retrouver du sens en passant du temps ensemble, en sortant de leurs habitudes, et en s'impliquant dans cette nouvelle relation qui est la leur. Sur leur chemin, ils rencontreront Roy (J.K. Simmons), sage assassin.

L'énergie du film provient de l'énergie des deux acteurs principaux : Andy Samberg et Cristin Miloti sont de très beaux partenaires de jeu, lui embrassant la zen attitude de celui qui a déjà tout vécu sans être devenu blasé, elle dans sa pulsion folle de se débarrasser de ses vieux démons et de rejoindre le temps qui coule pour apprécier (enfin) la vie. C'est ce qui est appréciable dans ce film, une rom-com légère sans être superficielle, tournée sous le soleil californien, débarrassée de toute ironie ou cynisme, plaçant le curseur sur le fun, l'échange, et la décontraction.