C'est l'histoire d'un cheval et d'une poule

Palo Alto, c'est l'histoire d'April, une jeune lycéenne de l'équipe de foot qui a un faible pour le coach (James Franco), beau gosse et un peu con. Et c'est l'histoire de Teddy, un blondinet à moitié junky, insouciant et artiste dans l'âme. Et aussi celle de Fred, le pote de Teddy, tout aussi drogué mais bien plus barré. Bref, Palo Alto, c'est un film qui parle de rien. Et il le fait bien.

Cette jeunesse aisée se sert de l'alcool et de la drogue pour pimenter son quotidien, plutôt chiant. Jusqu'ici, c'est classique. Sauf que c'est vraiment crédible. Les personnages principaux sont cohérents (bien aidés par la performance des acteurs, quasiment tous irréprochables), et les secondaires aussi. La mère et le beau-père d'April sont à moitié tarés (mention au beau-père), le père de Fred est à la fois stone et tendancieux, et Emily est vraiment convaincante dans le rôle de l'ado déprimée qui ne peut exister socialement que par son ethos de "traînée", presque malgré elle.

L'impression de cohérence interne est renforcée par les petits clins d'oeil implicites tout au long du film, entre autres : la mère d'April qui ne cesse de lui demander si elle est déprimée, question qui se révèle finalement pas si insensée, ou encore la tendance homosexuelle du père de Fred qui peut expliquer en partie le comportement de son fils et quelques unes de ses questions loufoques, notamment celle posée au dealer et la conversation qui s'en suit.

On prend plaisir à regarder tout ça, c'est solide, bien filmé par "la petite fille de" (le premier plan extérieur à la voiture de Fred fait partie des plans très réussis), c'est franchement bon. Pourquoi pas une meilleure note alors ?

Si l'ensemble est très crédible, cette cohérence est inégale. Certains personnages sont franchement chiants, notamment les deux pétasses Shauna et Chrissy (je crois) qui sont vraiment caricaturales. Après être passée devant la conseillère d'orientation du lycée, April déprime. Ça révèle, si besoin était, l'élément psychologique central du spleen de ces ados quant à leur futur. Mais besoin n'était pas, et du coup c'est à la fois superflu et une solution de facilité.

À part ça, Palo Alto est un film esthétiquement et scénaristiquement réussi dans lequel on rentre aussi aisément que dans la bouche d'Emily, pour peu qu'on ne s'attende pas à une oeuvre linéaire.
Leland
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le 24 juin 2014

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