Il est difficile d'expliquer de manière pertinente ce qui nous a plu dans un film quand celui-ci nous a profondément touché. C'est un sentiment très personnel, et il est rare que les autres le ressentent aussi de cette façon.


Il n'y a qu'à voir la moyenne des notes : pour la majorité, Palo Alto n'est qu'un banal teen movie qu'on oublie aussi vite qu'on l'a visionné. Une resucée de ce qu'a déjà fait la tante Sofia : The Virgin Suicides pour l'ambiance hypnotique et poétique, The Bling Ring pour la banlieue argentée dans laquelle évoluent les personnages.


Et bien non. Gia Coppola a effectivement gardé le thème chéri de l'adolescence, mais dans le but de proposer quelque chose de nouveau. Palo Alto c'est d'abord le recueil de nouvelles partiellement autobiographiques de James Franco. Son adaptation sur grand écran est édulcorée mais réussie : des acteurs jusqu'à la réalisation, le film tape juste et surtout reste honnête.


Ici pas d'aventures extraordinaires à vivre pour ces adolescents très privilégiés certes, mais qui nous ressemblent énormément dans leur authenticité. On passe un temps à leurs côtés, sans vrai début ni réelle fin dans la narration. On est spectateur d'une part de leur vie. On voit la perdition dans leurs yeux mais ces personnages ont une âme, une âme qui nous parle - qui m'a parlée au bon moment, là où l'oeuvre trouvait ses échos.


Les carcans sociaux étouffent chacun d'eux. Notamment April (Emma Roberts) : sa virginité moquée par ses amies, la figure de son professeur (fascinant James Franco) faisant office de prince charmant bien décevant, son propre égo mal placé face à l'attirance qu'elle a envers Teddy (le fils de Val Kilmer, Jack), et bien sûr l'éternelle pression pour trouver une voie pour son avenir. Ils trouvent tous un moyen d'échapper momentanément à la réalité, le plus facile étant par l'alcool et le cannabis.


La scène d'ouverture est géniale. Deux potes dans une voiture, un joint et une flasque plus une discussion métaphorique typique des soirées d'ennuis où on aime s'imaginer ce qu'on sera ou ne sera jamais. BAM. Fred (Nat Wolff) appuie sur l'accélérateur et fonce dans le mur du parking désert. Le titre du film s'affiche sur toute la largeur de l'écran. Le rire hystérique de Fred résonne tandis que Teddy reste immobile et sonné au premier plan. C'est parti, je suis déjà scotchée.


La meilleure performance est décidément celle de Nat Wolff, qui crève l'écran par son talent. Il a réussi à rendre le personnage de Fred ambigu dans le bon sens : attachant et détestable à la fois, drôle et complètement taré. Il boit on ne sait quoi dans un putain de pot de fleurs, tronçonne des arbres pendant la nuit et roule à contre-sens sur l'autoroute (scène finale mythique).


Enfin, la BO est parfaite et accompagne parfaitement l'atmosphère du film, à la fois lourde et légère. Tout ce que j'aime.

nelopee
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le 29 janv. 2015

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nelopee

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