Après Fight Club, film fort risqué pour un budget de plus de 60 millions de dollars, David Fincher s'est reporté sur un projet beaucoup plus classique et plus "sûr". Huis-clos à suspens, Panic Room reste un bon divertissement en matière de thriller mais peine à s'affirmer en tant que tel. Tout simplement car on sait que le réalisateur a un talent dans le cinéma, mais malgré les quelques reconnaissances de styles que l'on peut remarquer dans le film, ce dernier est totalement banal. En effet, il propose un récit d'un grand classicisme, s'inscrivant dans la lignée de nombreux thrillers hollywoodiens. Des personnages a priori faibles sont séquestrés et menacés par de dangereux psychopathes. On remarquera les hommages à Hitchcock : le générique, dont les titres s'inscrivent en suivant les lignes de gratte-ciels comme dans Le crime était presque parfait ou encore La mort aux trousses. Fincher multiplie aussi les inventions pour animer l'espace et exploiter au mieux son décor. Comme dans Fight Club, il emploie des images de synthèse afin de permettre les mouvements de caméra les plus insensés, avec notamment de long travellings zigzagants, passant par les ouvertures les plus menues et frôlant des petits objets. Ainsi, les choses minuscules de notre quotidien (téléphone, prise électrique...) prennent des proportions monumentales et menaçantes : la simple traversée d'une cuisine peut ainsi devenir un éprouvant tour de Grand Huit. On peut pourtant parfois trouver que Fincher en fait un peu beaucoup, et que la virtuosité gratuite et puérile l'emporte parfois un peu sur l'efficacité du plan. D'autre part, la profondeur et la caractérisation des personnages sont légères, à l'exception de celui interprété par l'incroyable Forest Whitaker. Le bad guy ou encore le cagoulé auquel on devrait se méfier, ne sont pas explicites et peinent à trouver une place marquante dans le récit. Reste ce bandit au grand coeur qui ne cherche qu'à obtenir ce qu'il veut pour sauver sa famille. L'originalité n'est absolument pas au rendez-vous, le rythme n'est pas toujours égal et les ficelles sont parfois grossières. Mais pourtant, on ne peut s'empêcher de remarquer sur Panic Room est un film "qui marche". En effet, derrière ces défauts se cache un divertissement envoûtant, qui nous permet tout de suite de ressentir le peur des deux femmes enfermées dans la chambre forte. Kristen Stewart est encore tout jeune et innocente, et révèle un certain talent d'actrice qu'elle utilisera malheureusement à mauvais escient, et Jodie Foster n'est pas remarquable comme elle a pu l'être dans Le silence des agneaux. David Fincher nous pond donc un thriller efficace, qui se suit sans ennui, même s'il laisse sur une légère impression de vacuité, et de déception : on espérait en voir plus vu le talent certain du réalisateur.