Jerry Schatzberg décortique ici le quotidien d'héroïnomanes squattant Sherman Square dans l'Upper West Side new-yorkais des années 70.
On suit Al Pacino et sa bande durant une période de pénurie d'héroïne consécutive à une vaste saisie orchestrée par les agents de police du coin.

Déclinaison dans le froid urbain du "We blew it" déclamé par Peter Fonda à la fin du cultissime Easy Rider, l'atmosphère bon enfant du mouvement hippie et du festival de Woodstock n'est ici qu'un lointain souvenir.

Via l'itinéraire de Bobby et Helen, Jerry Schatzberg dépeint le destin funeste d'une génération perdue et à qui tout était pourtant promis.
Cette génération qui en l'espace d'une décennie sera passé d'une Amérique paternaliste et ayant confiance en ses idéaux à une Amérique dépressive, hagarde et dont la jeunesse tentera vainement de mener une lutte idéologique.

Dans le pur esprit des films de cette période, Schatzberg montre l'envers du décor de la contre-culture et le quotidien des âmes perdues cette génération auto-sacrifiée.
Il filme au plus près et avec un réalisme cru, l'ordinaire morbide de nos junkies new-yorkais en recherche permanente de nouvelles doses.
Aucune pièce musicale n'accompagne la descente aux enfers de nos deux propagonistes.
Piqûres, overdoses, prostitution, bagarres, épuisements sont filmés de manière sèche, dure et sans aucun ménagement.
Les corps souffrent, les esprits aussi.

Premier premier rôle pour un Al Pacino déjà magistral, la partition qu'il livre est en tout point remarquable.
Notons que ce cher Al enchainera avec The Godfather en 1972, Scarecrow et Serpico en 1973, The Godfather Part II en 1974, Dog Day Afternoon en 1975.

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