Satoshi Kon mène d'une main de maître une exploration de l'inconscient. Plusieurs choses fondent la réussite de Paprika.
Tout d'abord, le développement progressif d'une vraie profondeur offerte à la réflexion, sans jamais avoir à en passer une prétention conceptuelle rebutante. Tous les sens possibles se déploient dans un crescendo métaphorique éblouissant qui n'a pas du tout besoin d'être explicite - on évite donc les longs développements explicatifs caractérisant trop souvent l'animation japonaise. Tout est dans cette union visuelle et symbolique : on prend ce qu'on peut, on accepte de ne pas tout comprendre, rien n'est fermé à l'interprétation, on ne se sent pas le moins du monde obligé à la recherche d'une vérité unique sur le film.
La narration évite les poncifs du genre, les personnalités des personnages et leurs relations sont inattendues ; la palette d'émotions déployée est d'une rare finesse, entre fraîcheur, joie et mélancolie, bref, on est toujours surpris et enchanté, autant par la musique que par l'épiphanie graphique et l'intelligence visuelle de Kon.